Ce matin en Béarn, ce soir en Pays Basque, hier le béret, aujourd'hui le béret, mais pas porté de la même façon, au pays de Henri IV, on rrrroule les "R" ; ah bé, ça tombe bien, ici aussi (un peu plus, un peu moins...). Hier, des champs très verts (à cause de la pluie, sans doute), à Lichos ce sont de très verts champs... Bref, une frontière, c'est quoi sans que les hommes se mettent en travers du passage d'ici à là en fermant les barrières ou en changeant les façons de penser.
Bref, depuis notre passage au-dessus du Saison (c'est une rivière !), nous vivons en Basquie, et ce, jusqu'à l'océan. Mais rien ne va changer pour nous. Les kilomètres seront les mêmes, les sentiers, à peu de chose près, seront identiques et les gens continueront à nous faire signe en nous croisant en voiture. Et le monde nous dira "Bon chemin ! ", "Vous allez loin aujourd'hui ?", "Ne vous inquiétez pas, il ne va pleuvoir...", "Vous venez d'où ?".
Je vous le disais, tout est vert. Non seulement, mais les ruisseaux et rivières, le Gave d'Oloron que nous avons passé à Navarrenx, les fossés, tout est plein. Et ça roule une eau légèrement laiteuse pleine du limon arraché aux champs. Les années se suivent, l'année dernière était très sèche, cette année, c'est, disons, très humide. Un British nous a même souri en nous confiant : " Ici, en ce moment, c'est comme le climat d'Angleterre !". Comme si ça pouvait nous réconforter...
Quand on parle du sens de l' accueil...
On a failli pas arriver à Lichos ce soir. Du moins, pas à pied. Ce midi, la prise d'otages a avorté de peu. Nous étions à la recherche de toilettes. Ben oui, le pèlerin a aussi besoin de commodités. Nous passions à proximité d'une salle municipale qui semblait être ouverte. Deux personnes, encravatées d'un foulard jaune vif, nous ont hélés :"Et alors, vous cherchez quelque chose ? ". Le temps de bredouiller que cela avait à faire avec les toilettes, que tout les gens présents à l'intérieur de la salle étaient au courant que deux pélerins voulaient les saluer. On voulait être discrets, ça n'a pas vraiment été une réussite.
Donc, silence demandé par le président de la séance (qui était en fait un banquet de jumelage franco-allemand...), présentation de nos deux personnes à la présidente française, la présidente allemande et à Monsieur le maire de Navarrenx, itou... C'est tout juste si on ne nous a pas demandé de chanter. "Vous allez bien rester avec nous, il y a de la place, on peut même aller vous conduire à Lichos..." "Et puis tiens, c'est moi qui ait fabriqué la sangria, vous allez me faire le plaisir de goûter ça..." nous dit un autre président qui visiblement n'en était pas à son premier gobelet.
On a remarqué bientôt que certains convives se rapprochaient de la table des entrées. Nous en avons profité pour nous éclipser vers les toilettes (enfin !) et partir vers d'autres yeux.
Bonne nuit à tous.