2023 De Rocamadour à cheu nouz'autres

Ce n'est pas un chemin de Compostelle, ce n'est pas un chemin vers le Mont-Saint-Michel, quoique, il s'agit seulement d'une création qui suit les GR, quelquefois de loin.

C'est si difficile de trouver des hébergements corrects, pas chers, pour un seul soir, pour six personnes.

Ah, je ne vous ai pas présenté les six marcheurs; Ben, ce sont le mêmes que l'année dernière. 

Voir ICI ! Ca vous fera de la lecture pour vos longues soirées.



Mardi 19 septembre

 Troisième jour d'"entraînement" en forêt de l'Herbergement, qui, comme tout le monde le sait se situe à Sainte-Florence. Ce n'est pas la première fois que nous partons Jacqueline et moi sur les chemins. Nous avons commencé en 2015; il y a donc huit ans ! Voilà pourquoi il nous faut de plus en plus de temps pour nous mettre à niveau physiquement... 

Et nous partons avec de plus jeunes que nous, des qui font même des marathons. Alors, voyez !

Demain, direction les Herbiers en passant par la forêt du Parc Soubise. Bon, on reviendra en voiture, hein; On n'est pas que fous.

Jeudi, remplissage des sacs de randonnée, graissage du chariot, gonflage des pn... ah non, ils sont pleins, les pneus, la boîte de médicaments (ben oui, à nos âges mon bon monsieur...), quelques noix et noisettes pour les pauses, et zou !

Vendredi, départ en train vers Rocamadour: Ca tombe bien, ils annoncent du mauvais temps à la météo.

Mais ça, c'est pour une autre histoire.

 Jeudi 21 septembre

 Qu'il pleuve aujourd'hui, et même demain !

Peu nous importe, pourvu que samedi soit un jour de beau temps pour la première. Ce matin, on a fait forfait pour la préparation physique. Mais on ne s'est pas arrêté pour autant...

Vous avez déjà préparé un sac pour partir 20 jours, vous ? Alors vous savez. Vous savez qu'il faut prévoir l'incontournable: les papiers, les médocs, la liste des étapes et des hébergements, les lunettes... le mouchoir, et le chapelet (Ca, c'est pour ramener des souvenirs du dimanche aux têtes blanchies par les ans).

Ah ben, si, il faut aussi prévoir l'imprévisible. La panne de soleil pour sécher le linge du soir, l'ampoule qui s'allume malencontreusement sur le pied droit un jour, sur le pied gauche le lendemain, les matins frisquets (mais là, inutile d'emporter des gants, une paire de chaussettes aux mains suffit...), le manque de cash pour les rares magasins qui jalonnent nos campagne, etc... Mais, je vais vous dire, on emporte souvent plus qu'il ne faut, et quelquefois, on ramène du linge propre à la maison, linge qu'on a transporté, plié, replié chaque matin en faisant le sac à dos. Hein, Jean-Luc ! Jean-luc est un pro de l'"atchumage" du sac à dos. Quand on le suit, on ne voit plus l'arrière de sa tête, c'est dire.

Et quand tout ça, c'est fait, je vous jure qu'il manque un truc, souvent... toujours .

Cette photo ne correspond en rien de ce nous avons préparé. Le paysage sera plus plat !

Zut, mes bâtons ! Je les ai oubliés ...

Vendredi 22 septembre

Journée de voyage en train, en trains, plutôt... avec entrain, ma foi !

On dira ce qu'on veut, mais le parcours du rail organisé par Sylvie est parfait. Les horaires sont dignes pour un estomac qui pourrait réclamer des heures régulières.
Voyez plutôt ! Départ aux aurores dans le véhicule de Bernard sollicité par Joël après un en-cas-café chez nos premiers hôtes à Pouzauges. Le train vers Cholet est à l'heure et transporte qui vers le lycée, qui vers le travail en direction d'Angers. Gare Saint Laud, le 4402 est à l'heure lui aussi et nous emmène dare-dare vers Vierzon, et un petit-déjeuner pile au moment délicat du début de matinée. On a voulu voir Vierzon et on a vu son éternel Café de la gare cher à tous les militaires qui croisent vers le centre de la France.
Bon, ce n'est pas le tout, mais le 3807 (par mesure de sécurité, je ne donne pas le bon numéro...) ne tarde pas à nous approcher du déjeuner prévu à Brive vers 12h56. Je vous ai dit que le timing est parfait. Qui dit que la Sncf se laisse aller sur les horaires. Aujourd'hui, ça fonctionne.
Enfin presque. Jacqueline et moi étions prévus dans la voiture 6, places 82 et 88. Décidément, il nous faut toujours une petite difficulté/jour.
Place 81...83. Ah, pas de place 82 ! 84, 85, 86, 87, ah, pas de place 88 !
Bizarre, vous avez dit "Bizarre", comme c'est bizarre !
Pour l'instant, c'est le seul petit couac. 
Alors, pourquoi me plains-je ?

Et il pleut toujours. Mais, il en faut qu'on nous dit. 





 Samedi 23 septembre 

Ayé, top départ


Ça y est, on est partis, pour de vrai... Pas de regret de Rocamadour. La ville est un peu triste, désertée. 

Sauf que ce matin le ciel gris est illuminé par le départ de quelques montgolfières qui donnent le départ à un festival du vent dans la région. Ce sont les seuls points de couleur que nous aurons aperçus dans le vert du paysage et de la rivière au cours de la matinée. Nous avons prévu une vingtaine de kilomètres aujourd'hui. Et ce sera suffisant pour une première. 

Je disais plus haut que nous n'avons pas de regrets de partir. Pourtant nous aurions aimer traîner au petit-déjeuner pour continuer la conversation avec quelques uns des 18 pensionnaires du Cantou... (Heu, c'est le nom du gîte d'étapes du chemin de Compostelle dans lequel nous avons dormi. Ce n'est pas l'établissement que certains peuvent connaître en Vendée) Quatre d'entre eux viennent du Québec, et comprenez que c'est très intéressant de parler du jeune pays, et de leurs origines: entre un Tessier et une Roy, faut dire que ça rapproche.

Le paysage du GR6 est fantastique et nous sommes passés des rives de l'Alzou aux bords de l'Ouysse. Et savez-vous combien de kilomètres on a suivi la rivière l'Ouysse, 16 (Louis 16, petit-fils de Louis 14 était un roi bon mais faible... etc...). 

Ce fut un décor féérique pendant quelques heures jusqu'au passage sur cette rivière au lieu-dit Pont de l'Ouysse. Enfin, par le nouveau pont, parce qu'en dépit de ce pense Joël pour prendre un raccourci, une arche du vieux pont est cassée et ON NE PEUT PAS FRANCHIR à gué. Et ça se passait à Lacave. Et quoi qu'on en pense dans nos contrées, on ne descend pas à Lacave, on y monte (et tout le monde sait qu'il est beaucoup plus facile de descendre à la cave que d'en remonter, souvent !)

Et puis c'est pas tout ça, mais qu'est ce qu'on mange ce midi ? Ah ben oui, que mange t-on ? Ben... Pas de boulangerie ici ou là, pas de boîte à pain le long du chemin... Tant pis, on va faire confiance à la providence. On approche de Pinsac; la tentation de faire un jeu de mot un peu facile, quelqu' un à parler de "pain sec". Et comme la providence n'aime pas les jeux de mots laids, nous avons eu le plaisir de recevoir une baguette d'un couple habitant par là qui a désiré nous dépanner. Et ça nous a fait un bien énorme, pour l'estomac et pour la bonté des gens, en général.

On n'a tout-de-même tellement hésité à demander un sandwich dans une auberge très prout-prout au menu affiché à 150 balles qu'on n'a même pas frappé à la porte de service.

Ils auraient eu du mal à comprendre. 

Un sandwich, vous dites ?




Dimanche 24 septembre 

J'étais tranquille, j'étais peinard

J'étais tranquille, j'étais peinard

Depuis 8 heures dans le brouillard

Quand, d'un seul coup, nom d'un pétard 

Sont apparus un tas d'motards...

en pleine forêt, dans un silence de cathédrale, alors que chacun d'entre nous était occupé à grimper une des trois côtes du parcours de cette deuxième étape. 250 quads, buggys ou motos d'une rando dite "verte" autorisée, nous a t'on soigneusement expliqué, par le préfet et tous les maires du coin. Bah ! Un dérochement mécanique méthodique des sentiers de randonnée que nous pensions emprunter tranquilles.

Nous sommes partis ce matin sous 6 petits degrés mais nous nous sommes vite réchauffés avec un dénivelé appréciable. Et ça a duré toute la  journée.

Ce soir, les jambes sont lourdes. 





Lundi 25 septembre 

Le Périgord, pays de... de... 







... pays de n'oies ! Chacun est un peu chauvin. Nous avons rencontré des pélerins de Grenoble qui défendent mordicus les noix de l'Isère sans se douter que les périgourdins récoltent énormément de ces fruits dans les moindres terrains cultivables. 

Nous avons longé ce matin la Dordogne pendant un long moment par la voie verte bitumée pour le passage des vélos, et d'éventuels marcheurs. Un sentier magnifique construit pour le train il y a plus d'un siècle. Il faut dire que la mise en place de cette ligne pour desservir Sarlat a nécessité des terrassements et des comblements dans la roche sympathique du coin: et à coup de pioche, sans doute !

Et voilà Sarlat, une cité visitée par de nombreuses têtes blanches et beaucoup d'anglais. La météo de l'été indien que nous avons eue ce lundi aide bien les commerçants à prolonger les recettes des mois d'été. Pour notre part, à Jacqueline et à moi, nous ne nous souvenions pas qu'il y avait tant à voir dans cette ville, à chaque coin de rue. Il est vrai qu'on avait visité une fin d'après midi d'hiver après la pluie.
Et c'était très triste... 

On y a même mangé une glace avant de poursuivre notre route vers l'hébergement du soir. Nous pensions avoir fait le plus dur. Que nenni !
Une côte de deux kilomètres nous a amenés au village de Temniac. Et c'était pas pour rire. Vous voyez les côtes des Chatelliers et du Fuiteau combinées, gnognotte.
Surtout pour terminer notre étape de 25 kilomètres 600...

Ah, j'oubliais ! Il se sont moqués de moi toute la journée à cause d'une pancarte qu'ils ont découverte ce matin. Tristes co-randonneurs...


Mardi 26 septembre 

25 km de bitume ... 

... ou presque ! 500 mètres de chemin caillouteux ce matin, 500 mètres d'un chemin griffé d'épines, et ce soir, après un magnifique passage sous l'aplomb des rochers à la Roque-Saint-Christophe, sur les rives de la Vézère, un chemin de terre un peu traître pour Jean-Luc qui s'est rattrapé au vent avant de plonger de peu dans un buisson. C'est tout. Le reste, ce fut du bitume, souvent sur des d'mie-routes, comme on dit chez nous, et à l'ombre.


Nous sommes passés de +300 m à +80 m par monts et par vaux. Le village de Tamnies, malgré la côte qui y menait, nous a ragaillardis... Et les paysages ont fait le reste. Après un pique-nique de tartines "de polistyrène" (vous savez, les rondelles blanches très pratiques et très nourrissantes, de fait) graissées de pâté de campagne et de Vache-qui-rit, nous avons décidé que la vie était belle.

Ce soir, nous logeons au Paradis, le camping, hein ! C'est étoilé cinq fois.

Mais c'est normal avec un nom pareil... 

Bonne nuit à vous.





Mercredi 27 septembre

Pas âme qui vive... 

.. sur le parcours de notre 5ème étape. Pas de boulangerie, pas de point d'eau, pas de village sinon quelques lieux-dits, pas de chien à nous courir aux mollets.

Ah si, des moustiques et des moucherons. Il faut dire qu'on a beaucoup marché en forêt, jusqu'à s'y perdre. A ne pas suivre tout le temps le GR, il y a un risque... Un moment de temps, des avions militaires passaient au-dessus de nous. On s'est laissé croire à ce qu'ils nous recherchaient. Déjà !





Nous sommes, ce soir, au château de l'Herm. Enfin, dans les dépendances... Enfin, dans les dépendances des dépendances : pour la première fois, nous occupons une roulotte. Les calourets sont "dépave". 

Demain, on vous racontera notre nuit de bohème.



Vendredi 29 septembre 






Ce soir, on recommence l'atelier d'écriture.


 Les oiseaux du ciel ne sèment ni ne récoltent, et pourtant, ils vivent.

Ce fut notre devise depuis près de 3 jours. Des jours de disette de commerces pour la pitance du matin, du midi et même du soir. A force de patience et de ténacité, pourtant, nous avons réussi à vivre. Tu parles, qu'il va dire, avec les réserves qu'il a !

Il faut dire que les gens sont des gens comme il faut. Au camping Le Paradis, le bien nommé, deux dames ont sûrement capté nos atermoiements à prévoir pour le lendemain : nous avons reçu de leur part un fromage de brebis et deux cuisses de canards cuites au barbecue que nous nous sommes empressés à dépecer pour pouvoir les déguster à la pause. Une autre fois, un monsieur qui préparait son camping-car pour partir en vacances nous a généreusement laisser entre nos crocs de malheureux une baguette toute chaude.

Et ce n'est pas terminé ! Hier soir, sans réseau, sans internet, sans snack au camping, sans pain dans la boîte à pains du Change, sans resto fermé pour congés annuels, nous avons rencontré une bonne personne qui a bien voulu nous transporter à un kiosque à pizza à 14 km du camping où nous allions dormir pour pouvoir nous sustenter. On en a mangé 4, et, prévoyants, nous en avons conservé 4 pour ce midi... Il en reste un peu pour l'apéritif ce soir au gîte de Sorges.

Et quand tout nous manque, il reste les noix, les pommes, les figues du chemin. Et les châtaignes avec une noix (!) de beurre pour le repas du soir. 

Les oiseaux du ciel ne se préoccupent de semer, ils picorent ce dont ils ont besoin.



Visite de l'église de Sorges. Une merveille...

 Cet après-midi, nous avons rejoint le chemin de Vézelay pour deux étapes. 





Samedi 30 septembre 

Les chemins

Quand tu vois des pancartes "Chemin des crêtes" ou "Route des châteaux d'eau", tu t'attends qu'à peu de surprises. Tu vas monter, mon gars, pour gagner ton pain à la sueur de ton front, et du reste ! Et, là-haut, tu auras peut-être le bonheur de découvrir un paysage à 180 degrés dans les bonnes années, ou pas... 
Rares sont les routes qui se nomment "Rue du plat pays" ou "Sentier de la vaste plaine" et qui te proposeraient un tapis pour marcher sans ampoules ou petites gâteries dans les tendons. 
Notre paysage depuis Rocamadour est "Casse-pattes" pour ne pas dire plus quelquefois. Nos genoux et chevilles parfois âgées n'aiment pas vraiment. 
Et, chaque après-midi, on arrive cahin-caha au lieu dit de notre repos. Une bonne douche, et basta ! 

Hier, nous avons rejoint le Chemin de Vézelay que l'on prend brièvement pour se souvenir, pour notre part, de notre aventure de Vézelay à Compostelle il y a quelques années. Et nous avons été reçus hier soir et cette nuit à la Maison du pèlerin à Sorges par les hospitaliers Nicole et Jacques, des nivernais présents ici pour 15 jours. On a beaucoup devisé, et mangé. Nicole est une cuisinière hors-pair. On avait parié entre nous 6 du menu qu'on nous proposerait. Chacun a perdu... Quand on a des origines italiennes, ce ne peut être que... que... que des pâtes, c'est ça. Mais un pastuccio, mes amis. La recette de la nonna de Nicole, soit un délice. 
Et pendant ce temps-là, l'Italie perdait férocement contre la Nouvelle-Zélande, 96 à 17... Une pasta, quoi ! 

Aujourd'hui, sur la route, nous avons croisé deux pélerins en route vers Santiago, l'un de Nancy, l'autre de Normandie. Ils avaient l'air heureux. 





Dimanche 1 octobre 

À travers 

 

La Dronne 

Jeu de mot nul et irrévérencieux : Saint Saud, 6...


Thiviers, ce matin 

Entre un chemin balisé et un autre à découvrir, nous avons dû explorer les routes sinueuses du nord Dordogne pour joindre deux de nos hébergements réservés, l'un à Thiviers, l'autre à Saint Saud Lacoussière. Que du bitume sur 21km, le premier kilomètre nous ayant permis par un chemin sympa mais pentu à remonter du camping le Repaire. Et du revêtement chauffé par un soleil vivifiant le matin mais insupportable après 10h30 ! Je ne souvenais plus des bulles de goudron qu'on s'amusait à percer sur la grand'route en revenant de l'école quand j'étais gamin. On a réapprit à sauter d'une ombre même chétive à une autre même rabougrie, à boire régulièrement, à reprendre son souffle à châp'tit dans les côtes.

Et à regarder le paysage de la campagne dominicale, dépassés régulièrement à gauche ou à droite selon le côté de route utilisé par les voitures qui se rendait au marché aux cèpes de Saint Saud, un marché renommé dans la région. Vu à la TV sut TF1... Alors, vous comprenez !

On se léchait les babines et on salivait devant le menu proposé : velouté de cèpes, omelette aux cèpes, gâteau aux noix. Mais, quand on arrive à 16h00 sur la place centrale, la cantine est fermée depuis longtemps. Il restait 1... Un seul bocal de soupe qu'on s'est empressé d'acquérir pour la modeste somme de 8 euros les 750 grammes pour 6 adultes bien constitués. 

Bon, la vie est belle, le thermomètre à flirté avec les 31 degrés et on a eu le plaisir de découvrir la fontaine dédiée aux engelures sur le bord de notre chemin. 

Cherchez l'erreur ! 



Lundi 2 octobre

On a retrouvé le vent 

Les rives du grand étang de Saint Estèphe


Depuis 10 jours, nous naviguions dans le "pot-au-noir"... Aucun souffle de vent sur nos casquettes. Ce qui nous a permis d'apprécier au maximum la quiétude des paysages et les divers bruits de la campagne périgourdine.

Sauf... Excepté... Ah oui, les chiens ! On ne peut pas passer à côté d'une maison sans être agressés par les aboiements de ces sales bêtes, stupides à cause de ces propriétaires négligents qui laissent leur animal s'égosiller à travers les grillages qui ne manquent pas de marquer les propriétés.

C'est pénible. On n'arrive pas à compter nos pas tant nous sursautons d'un mètre de côté. "Trois pas en avant, quat' pas en arrière..." Comment voulez-vous que ça avance ?

Les propriétés, parlons-en ! Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de pancartes "Propriété privée", "Défense d'entrer", "Interdit". En voici quelques exemples :


Édifiant, non ? 

Et je ne vous parle pas... Et ben, si, justement, je vous en parle de cette personne qui, du haut de son jardin, alors que nous venions d'emprunter le sentier dit "de Compostelle", nous a huchés pour nous prévenir que la prochaine fois (ce qui ne risque pas d'arriver de si tôt), que nous aimerions marcher sur ce joli parcours, nous nous ferions croquer tout crus par les molosses de son voisin, un tout-fou qui malgré les deux jugements en sa défaveur ne tolérait en rien le passage de quelques randonneurs sur ce chemin public. Ah ben oui, public, sinon c'est pas rigolo ! 

Dites-moi, c'est la guerre ailleurs en ce moment, alors pourquoi pas du côté de Thiviers. 
Y'a aussi des gens bien. On en croise tous les jours. Hanneke, qui a été notre hôte hier soir à "La Chouette" en fait grandement partie. On a été reçu comme des rois. 


Hein Joël, surprenant ! 



Mardi 3 octobre

La Tardoire...

... nous a menés aujourd'hui de la Dordogne à la Charente. Le paysage du nord du département à radicalement changé, du moins au niveau de la végétation et de l'agriculture. 




Nous avons rencontré plusieurs personnes qui semblaient nous planquer un truc... Les cachotiers avaient en mains soit une "bourse", soit un petit panier, soit rien. Comme s'ils se promenaient en sifflotant, air de rien. C'était tout simplement des chasseurs de champignons, de cèpes en particulier. Ils se refusaient à montrer le produit de leurs méfaits matinaux... Ah, c'est quelque chose de se méfier à ce point de 6 pauvres hères qui n'ont qu'à faire de leurs coins à champignons. D'tout'façon, on n'y connaît rien.

Mais bon, ce soir, par exemple, une omelette avec quelques bribes de bouts de morceaux... Hein, pour essayer la cuisine locale !

Méfiant... Serait-il méfiant le Charentais ? En tous cas, une des personnes rencontrées au détour du bois nous a confié que nous étions administrativement encore en Dordogne, mais que la mentalité était bien celle de Charente, malheureusement. Je ne sais pas d'où était originaire notre dénonciateur et ce qu'il voulait en dire. Allez savoir !

La Tardoire, nous l'avons traversée à plusieurs reprises. La dernière fois sur une passerelle digne des aventures de l'arche perdue, ou peu s'en faut. 

C'était beau, mais peu dangereux. Juste un peu spectaculaire...




Mercredi 4 octobre

La Tardoire... bis !

 




Ce soir, nos 28 km sont dans nos jambes. Nous venons d'arriver à notre étape dans un gîte tout neuf. Je pense qu'on va bien dormir, surtout après notre dîner, disons, de randonneurs. Voyez plutôt !

Entrées variées, légères, du jardin, d'un jardin. 

Cassoulet, spécialité du sud, mais on en a tellement souffert du manque l'année dernière qu'il faut bien se rappeler le goût. 

Tourteau fromager, spécialité de la Charente.

La Tardoire :

C'est la deuxième fois (pour Jacqueline et moi) que nous faisons ce parcours. A 7 ans d'intervalle, nous avons retrouvé le lit de cette rivière à sec. Avant La Rochefoucauld, ça coule, gentiment ou à torrent, c'est selon, mais à partir de cette ville, plus rien, qu'une nappe herbeuse dans un dévers de 3 mètres qui fait semblant de rejoindre la Charente, plus loin.

On a une explication. La roche de ce coin de terre est un gruyère. Des poches se sont formées sous le terrain. Tantôt elles se remplissent d'eau et débordent même à l'air libre, donc dans le lit de la rivière, tantôt elles se vident par l'opération combinée de la météo et des agriculteurs qui irriguent à qui mieux mieux les maïs toujours semés dans les mêmes terrains. Pauvre Terre !

Et parfois, ces poches souterraines s'effondrent et se transforment en gouffres... Un danger pour les habitants de La Rochette, d'Agris ou autres. 

Mais il faut bien vivre mon cher monsieur !






Jeudi 5 octobre

Chez Jiji


Portail de l'église de La Rochette



La Bonnieure, de bonne heure


 L'église de Saint-Angeau a les portes ouvertes sur la moitié supérieure. Ce qui fait dire à Jacqueline :"Tiens, c'est sans doute pour empêcher que les chiens et les Charentes". C'est bien, hein.

L'église n'est pas le seul monument historique de ce petit village. Tous les commerces se situent sur la même place. Ce qui nous a permis, ce matin, de faire nos courses pour le pique-nique dans une boutique bien achalandée. Les plats préparés sont appétissants, les produits de charcuterie à nous faire rêver d'un sandwich multiple de grillon-patédlapin-rillett'd'oie-zé cornichons. La totale, quoi ! Pendant que madame la serveuse nous préparait ce trois-quarts de baguette, elle nous a adressés chez Jiji, le café d'en face.

L'établissement de Jiji n'a pas bougé d'une chaise depuis les années 60. Vous voyez le café de sortie de messe, de fin de tournoi de foot, d'après-midi pluvieux de dimanche avant que le foyer des jeunes ne soit créé, vous vous remémorez le mobilier en formica, le comptoir dans le même "bois", les piètements en ferraille travaillé, les chaises bien alignées. Il manque juste les cendriers, le flipper dans un coin, peut-être le juke-box qui couinait du Elvis, et vous êtes en 1970.

Jiji était déjà la patronne du troquet. Et ça devait être un personnage, disons, de tempérament qui ne s'en laissait pas compter. Elle met tout en doute: notre point de départ, notre mode de déplacement, notre destination. Ça ne dure pas longtemps, mais c'est dit. Jiji est pimpante, elle ne sert que du café, la petite tasse à 1 euro, la grande à 3 euros. Du café, et le tabac. Et ça lui suffit pour vivre qu'elle nous assure.

Ah, j'allais oublier ! Elle a 94 ans, quatre-vingt-quatorze ans. Elle est un des monuments historiques de Saint-Ange au, en Charente.






Vendredi 6 octobre

La Meseta, comme si...

Comme si nous étions sur la Meseta espagnole, la lumière nous a accompagnés. Une lumière crue, sans tache, sous un ciel limpide mais rude ce matin. Nous avons avalé nos kilomètres sous une amplitude de 20 degrés. Ah oui, 6 le matin en partant de Mansle, le long de la Charente ombragée alors qu'on aurait aimé circuler en plein soleil. La vie est mal faite: cet après-midi, nous étions à découvert avec pour horizon un éventuel ombrage à l'horizon des chaumes à perte de vue. En se retournant, par dessus la ligne à grande vitesse qui scie la terre de Bordeaux à Poitiers, on devinait le bleuté des collines que nous avions passées hier matin, avant La Rochefoucauld, loin, loin, déjà. A 16h00, il faisait 27°... Et dire qu'on pourrait être au coin du feu !







Chemin - moquette, celui qu'on préfère parce qu'il est doux (Hein, Sylvie!); chemin blanc, celui qui éclate les yeux au soleil de midi; chemin à deux bandes, celui qui nous fait marcher de gauche à droite au gré du revêtement ; chemin-émeri, comme la toile du même nom (si, si) tant il râpé nos souliers ; chemin-hippy, celui qui est très chevelu à y retrouver des épines ; chemin-raccourci, qui, soi-disant nous fait gagner des mètres, et perdre du temps... Bref, tout chemin est bon à prendre pour y faire de belles rencontres, des hommes, des femmes, ou de moins bonnes pour la gente animale. Vous savez, celle qui jape.

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Joël ! 
Repas de fête: sardines à l'huile... 




La Charente fume dès le matin... 


Samedi 7 octobre

Restons positifs !

 

Le lavoir du Vivier



Il a fait très beau... 
On a suivi le chemin prévu... 
On a miraculeusement trouvé une charcuterie... 
On est arrivé en bon état à l'étape... 

Mais, quel ennui ! Des champs à perte de vue, de pierres et de terre. Des hectares agricoles, sans hameau. Tout doit être concentré dans les petits bourgs. Maintenant, on a l'expérience des semis que l'on y trouve. On regarde l'application Plantnet, et hop. Nous sommes incollables sur l'engrais vert: ravenelles, moutarde blanche, sanve et compagnie. 



Ah, j'oubliais. On vient d'enjamber trois départements en une journée: De la Charente à la Charente-Maritime en passant par les Deux-Sèvres. Ce qui relie tout ça, en dehors du paysage, ce sont les petites églises romanes simples et sombres qui sonnent le Grégorien. 

Ce soir, nous couchons à l'écurie et à la forge chez Tania et John Cregg. Ce sont des Anglais installés depuis 2015 en France et qui ont restauré délicatement un ensemble de maison dans ce village de Néré. 
Chut... Le match de rugby vient de commencer, et les Anglais perdent pour l'instant. Alors, surtout, pas d'impair ! 

Dimanche 8 octobre

Enjoy

Enjoy, avec plaisir. Les gens sont des gens biens. Tania et John qui nous ont reçus hier soir en sont un exemple. Nous avions quelques problèmes d'approvisionnement sur le chemin, surtout à l'approche du week-end et nous leur avons demandé s'il pouvait nous dépanner de beurre pour le petit-déjeuner de ce matin. Ils ont tout compris et nous ont apporté tout et reste pour nous satisfaire: beurre (du doux, d'accord, mais bon... Non, je rigole !), de la confiture (vous savez, dans un petit récipient avec un petit chiffon dessus) , du pain, et une bouteille de Médoc 2015. Ça, c'était pour l'apéro... Gentils, non ? Combien vous doit-on, please ? Ooooh, nooooo, enjoy ! 

Voilà, voilà.... 

Ce soir, en arrivant à Chizé, le jeune couple qui nous reçoit, connaissant nos petits soucis d'hébergement se sont évertués à nous trouver un couchage supplémentaire, et pour notre dîner, nous ont apporté de petites choses telles que pâtes, pâté... et une bouteille de rosé. Ben tiens... Merci beaucoup !

Les gens sont biens... 

Sur notre parcours d'aujourd'hui, nous avons traversé la Via Turonensis, le chemin de Tours vers Compostelle, un souvenir personnel de notre premier passage, un peu plus au nord il y a 8 ans. 






Lundi 9 octobre

Marcel

 


Si on avait voulu écouter Marcel parler de sa vie d'ancien agriculteur plus longtemps, c'était possible. Mais nous serions, à cette heure-ci, encore à une lieue du Logis de Vallans. On a laissé deux de nos compères (Joël et Sylvie) dans un petit village à 1km500 à la maison zen du Bouddha. On ne peut pas se tromper, ça s'appelle Le Petit Village.

Marcel... Marcel a surpris Joël au beau milieu du chemin en train de micro-siester alors qu'il se promenait au volant de son Berlingot. Oh, il ne pouvait pas l'écraser, Joël, à l'allure où il conduisait : premiere lente. Et puis, leste comme il est (Joël, pas Marcel !), il a eu tôt fait de se ranger du chemin du galoupiot de 85 ans. Ni une, ni deux, le moteur éteint, Marcel a commencé les questions, quelquefois les et les réponses.

Pèle-mêle sur le CNRS qui occupe une partie de la forêt de Chizé, sur la chasse, sur la louveterie, sur l'agriculture de son temps qui avait toutes les vertus, sur le temps qui passe, sur les gardes-chasse de la forêt domaniale, et j'en passe et des meilleures. Aucun regret pour nous. La demi-heure passée avec ce monsieur n'a pas été du temps perdu. On a manqué de rencontres de type (3ème ou 4ème...) de son genre sur notre parcours. Le GR est vide...





Les petits oiseaux du ciel ne sèment ni ne récoltent... Nous comptions sur le camion-pizza qui devait stationner, d'après machin-Google toute la semaine à Vallans. Il ne vient que le vendredi... Et nous sommes lundi, comme tous ceux qui travaillent le savent. 

Donc, ce soir, nouilles cuites hier soir, transportées sur 24km dans la journée, ainsi que des figues récoltées par Jean-Luc et Jacqueline dans le parc du logis. 

La vie est belle. 

Mardi 10 octobre

Le dernier kilomètre

 Le dernier kilomètre... On a remarqué qu'il était toujours compliqué. Pour la pause du midi, on n'arrive jamais à trouver le bon endroit, au bon moment. Trop ensoleillé, trop à l'ombre, trop au vent, trop loin, trop près, trop en pente, trop caillouteux, trop herbu... Bref, le dernier kilomètre avant le pique-nique se transforme souvent en un rallye plus long que prévu, toujours au soleil. 

Bien sûr que je suis de mauvaise foi !





Et l'après-midi, après 15,18 ou 20 kilomètres de marche, le dernier peut devenir pénible. On n'en voit jamais le bout.

Aujourd'hui, on a été gâté. Nous avons parcouru les derniers mètres dans le marais mouillé de Sainte Sabine,puis nous avons traversé la Sèvre Niortaise avant d'arriver au Mazeau. C'était paisible et reposant. Un temps de méditation entre les canaux, les peupliers et les frênes têtards.






Demain, c'est la dernière de notre périple. 


Mercredi 11 octobre

Ca y est, nous y sommes




Nous y sommes à notre objectif : à Nieul-sur-l'Autise, une étape vendéenne du chemin vers Saint-Jacques ou le Mont-Saint-Michel. Toujours par beau temps (sauf...), toujours de bonne humeur (excepté...), tous les jours à 6 (quelquefois devant, quelquefois derrière...), on a cheminé. Les paysages divers (sous un ciel d'été...) ont défilé à coup d'une vingtaine de bornes quotidiennes, parfois agréables, parfois "enniantes" avec quelques longueurs dans la description.

Je ne vous parle plus de dormir et de manger. On a dégusté ; enfin, façon de parler, tant la période de l'année choisie pour une éventuelle météo, disons, moins méchante, n'a pas favorisé notre recherche de nourriture pour le midi ou le soir. Pas d'inquiétude, on s'en sort bien au niveau physique, les pâtes et les pizzas, même froides, apportent des sucres lents...

Ce dernier jour, nous sommes passés par des communes vendéennes dont nous ignorions le nom. Et c'est très bien comme ça. Puis ce fut Maillezais (sa boulangerie fermée, ses restaurants fermés temporairement...), son église, son abbatiale invisible sans entrer à l'intérieur de l'Abbaye, son embarcadère, sa boucherie (aaaaaaah... sauvés ! ). Vous allez nous trouver très terre-à-terre, hein, mais, pour aller loin, il faut un moteur. Et pour cette dernière, le sacré est passé un peu au-delà. 

À l'avenir, nous verrons si nous sommes capables de mettre en place un nouveau projet. Les jambes commanderont.

La tête aussi... 









1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir les marcheurs !
On vous suit…
Vous avez déjà bien gambadé 👏
A très vite !
Claudine & Christian.

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