Alors, cette année, vous allez où ?
A pieds, vous voulez dire ? Ben oui, à pieds. Vous marchez chaque année pendant vos vacances (Oui monsieur, nos vacances !), à deux, quatre ou six. Alors ?
Il est vrai que nous avons quelques souvenirs et autres à raconter, et par l'intermédiaire de ce blog nous nous faisons un plaisir d'écrire chaque soir un petit texte sur nos "aventures". Vous pouvez y revenir en cliquant sur l'un ou l'autre des menus ci-dessus.
L'année 2024 est assez spéciale. Il a plu quelques jou... non, quelques mois, depuis le premier de l'an, mais la météo revient à grands pas nous remettre un peu de soleil dans le coeur. Nous avions choisi de partir fin septembre à début octobre, pensant échapper à une éventuelle surchauffe; nous sommes en train de rêver à une arrière-saison de qualité. Le sud de la France nous attend. Nous avions laissé le Chemin du Puy à Figeac pour remonter vers Rocamadour. Il nous reste donc la grande descente vers les Pyrénées jusqu'à Saint-Jean Pied de Port si nos genoux et autres chevilles décident de nous laisser poser paisiblement nos 25000 pas journaliers sur les chemins.
Nous partons le 12 septembre.
Il est temps de nous entraîner un peu et préparer nos sacs.
Figeac |
Nous voilà enfin arrivés à Figeac, au pied de notre muraille; Une muraille d'une vingtaine d'étapes parsemées d'abord en Occitanie puis en Aquitaine, sur le "Chemin".
Enfin, c'est comme ça qu'on sent les choses ce soir.
Notre périple d'aujourd'hui participe à ce qu'on appelle la lutte contre la pollution générale. Nous avons pris le train.
Et nous avons pris le temps !
Pensez donc. Cinq heures 30 pour effectuer un Thiviers-Figeac. À Périgueux, notre correspondance a duré 1h30, soit un généreux temps de visite des alentours de la gare. À Brive, nous avons changé de TER en 50 minutes, soit un moment suffisant pour donner un coup d'œil dans les recoins de la station... la gare, j'veux dire. Le temps de sauver une brave dame coincée dans les toilettes par le truchement de deux cheminots denichés derrière une cloison du hall... J'en fait un peu beaucoup: en fait, ça ne fera pas partie d'un fait divers. C'est juste une péripétie à faire passer le temps.
On ne s'est pas battu pour les places dans la micheline. On a croisé quelques étudiants, des estivants et des "comme nous" avec des bâtons de marche en guise d'étendards: les pélerins de septembre, ceux qui ont du temps devant eux. La preuve, ils prennent le train...
Ce soir, c'est veillée d'armes. Les sacs sont pleins, trop sans doute. Le cœur y est. La tête surchauffe de rêves et de doutes, pardi.
Demain, à vos marques ! Allez, on y va.
... ou pas, d'ailleurs !
Départ ce matin de Figeac, 7°, ciel bleu pétant, arrivée à Gréalou, 17°, ciel avec un petit troupeau de moutons. Mais un vent de noroît...
Bon, qu'on efface une bonne fois pour toutes des tablettes l'histoire des tracés d'étapes. Vous savez, celles qu'on prévoit sur la table du salon à l'aide d'une carte bien à plat sur le formica (ou autre, je ne suis pas sectaire). En fait, à part le kilométrage, rien ne prévient des côtes et des descentes... Ça, je ne savais.
Mais, d'une année à l'autre, je l'oublie et on découvre sur le terrain les reliefs du lieu. Comme d'habitude !
Je disais donc... Ce que disent les pancartes, et ce qu'elles nous cachent. Voici quelques exemples:
Voilà un nom de village tout doux, un nom de guinguette. Que nenni ! Pour rejoindre ce lieu dit, juste en sortant de notre lit à Figeac, il nous a fallu monter de 150 mètres. Ça réveille les muscles, dis-donc, et ça marque l'esprit du randonneur alpha qui porte son sac de surcroît (ou à dos, ça dépend...).
Départ Le Gréalou, 3°, ciel clair-bleu, arrivée à Saint Jean de Laur, 17°, ciel... pareil.
Notre chemin passait aujourd'hui par Cajarc (prononcez "cajar"). 1100 âmes en hiver, peut-être un peu moins en été. Les gens partent voir ailleurs si le ciel est plus éclatant. Nous sommes pile dans la vallée du Lot. Ce jour, c'était marché sur la rocade qui enserre la vieille cité.
Les jeunes ignorent sans doute ce gros bourg, mais à une époque bénie, Cajarc était nationalement connu, sur toutes les télés et toutes les radios. Grâce à un sketch, "Le Schimblick", un jeu lancé à la TV par Guy Lux, mais traité à sa façon par le farfelu Coluche. On a demandé des nouvelles de papy Mougeot. Il semble décédé. Et je crois même que les Cajarcois ne veulent surtout pas entendre parler de cette époque. Une sale caricature de nos p'tits bleds...
Des chemins habités
Le chemin de Saint-Jacques passe é-vi-dem-ment, depuis tout temps, par les sentiers que nous empruntons chaque jour. Chaque municipalité défend son bout de gras, et ne veut en aucune façon laisser l'intérêt (économique ? Rhooo, non.) aux voisins.
N'empêche, on ressent à notre passage, on devine que la vie a circulé à toute époque, si ce n'est avec des pélerins, au moins avec les autochtones. Bergers, paysans, colporteurs et autres rémouleurs ou, peut-être ménestrels. On peut rêver... D'ailleurs, ça n'a pas manqué. Les murets de pierres sèches montés à force de bras, qui délimitent le passage le démontrent à chaque virage. Ils sont moussus ou encore pelés, ils sont échancrés ou "ébouillés", plats en leur sommet ou couronnés de pierres triangulaires posées debout, pour, paraît-il, empêcher les moutons de sauter par dessus, ou bien ils ont servi de carrière à une certaine époque...
Hey, j'ai pas fini... Mais le dîner est prêt.
Ayé... Notre hôte est un bavard. Mais la conversation était agréable pendant le dîner.
Allez, j'ajoute quelques photos de "caselles" subtilisées aux alentours du chemin. Quelques unes sont encore dans leur jus, d'autres sont restaurées, d'autres encore sont mis à la disposition du randonneur en cas d'intempéries. Un bon parapluie, croyez-moi !
Départ de Saint Jean de Laur, 5°, arrivée à Bach, 19°. Ciel bleu toute la journée.
Nous sommes ce soir au gîte "La Rose de Bach", chez Nicolas. Six nationalités autour de la table: Nouvelle-Zélande, Australie, Canada, Pays-Bas, France... et Bretagne.
Lors de notre réservation, j'avais demandé au téléphone si le site était bien à Bach, comme Jean-Sébastien. Et bé non, qu'il me dit le Nico, "ici, c'est Bach (prononcez "bache"...)". Enfin, pourquoi pas Beethoven ou Monteverdi !
Ce soir, je voulais mettre des photos pour démontrer que le pays n'est pas un désert, loin de là. Mais, bizarrement, le sort s'est ligué contre nous.
La 4G est faillible, même dans le Quercy. Pour ceux que ça intéresse, les illustrations seront pour demain.
Flore de Pradelles
Pour tout vous dire, c'est juste de l'esbrouffe de notre part. Ce petit bain de pieds a juste réussi à nous anesthésier le tendon d'Achille.
Y'a le pélerin...
Y'a le pèlerin souriant : quoi qu'il se passe, il positive. Ça ira mieux demain. Celui qui crie en arrivant au p'tit-dej "Salut, moi, impeccable, ce matin"
Y'a le pèlerin bougon, le "qu'à mal dormi" , le "qu'à mal partout", le "y'en a qui ronflent mais lui, non".
Y'a le pèlerin qui a fait plus de kilomètres que personne d'autres, moins d'ampoules au pied, plus de rencontres. C'est en général celui qu'on voit passer devant nous à toute vitesse lorsqu'on fait notre pause. Il a dix bornes d'avance sur nous...
Y'a le pèlerin mystérieux qui est sur le chemin de Compostelle mais qui a multiplié les variantes, quitte à se retrouver en sens inverse.
Y'a le pèlerin en rupture sentimentale, de travail, de vie, de carrière, de santé. Celui où celle qui ne veut rien dire mais ne cache trop rien.
Y'a le pèlerin qui veut goûter à tout, le matin, au petit-déjeuner. Toutes les confitures "maison", les pains (ah, qu'il est extraoooordinaire votre pain artisanal !), le café, le thé (ah, non, pas celui-ci, plutôt un thé vert de Thaïlande, région du Zingbet, côté sud, hein...!).
Y'a le pèlerin en couple (jeune couple qui se cherche...
Y'a le pèlerin en couple qui se regarde benoîtement.
Y'a le pèlerin qui ne sait toujours pas ce qu'il fait dans cette galère : il a croisé personne hier, il pense qu'il va louper les infos importantes, il ne croit plus à marcher pour additionner les bornes aux bornes... Mais c'est vrai qu'il fait beau. Il va donc faire une étape de plus...
Bref, des conversations du tous les jours.
Départ ce matin de Bach, 6°, arrivée ce soir à Flaujac Poujols, 19°. Ciel laiteux, puis bleu.
Y'a le pélerin, et nous...
... pauvres pêcheurs.
Jacqueline et moi partageons avec les pélerins le même chemin, celui de Saint Jacques. Nous sommes aux véritables pélerins ce que les mangeurs sont aux gourmets, ce que les marcheurs sont aux randonneurs, ce que les élèves sont aux instit', ce que les retraités sont aux travailleuses-travailleurs.
Mais nous respectons, et nous essayons d'entrer dans l'esprit du chemin sur la pointe des pieds. Dans chaque bourg, une église, des croix aux quatre-chemins, des inscriptions et autres pensées affichées ici ou là, entre les pancartes de pub pour les gîtes et chambres d'hôtes ou les "Attention aux chiens", "Y' à d'l'eau potable... plus loin". Bref, après 9 années de chemins divers et variés, on marche toujours de bon cœur vers Santiago, Lourdes, Carcassonne, Rocamadour ou le Mont Saint Michel.
Et on fait de belles rencontres, allez. Les gens qui embauchent nous saluent, le gars dans son jardin est content de tailler une petite conversation avec le chaland qui passe, et l'agriculteur... Tiens, parlons-en de ce moment, hier, où en passant dans la pampa on a vu un monsieur qui chargeait sa remorque de fumier. Il nous a doublés (grand salut), on l'a recroisé, sa remorque vide (grand salut), etc, etc. Et on a compris, en suivant tranquillement notre chemin qu'il avait trouvé un endroit où étendre le produit de bétail. Et pourtant, autour de nous, on ne voyait que terrains de cailloux, champs de pierres ou broussaille où poussaient plus ou moins genévriers (Juniperus, en latin, qu'elle dit Jacqueline...), ou des petits chênes rabougris. Quel métier, dans ce pays !
Quelquefois, un terrain qui paraissait planté d'arbres bien alignés... On s'est dit que, puisqu'on traverse un pays de truffes, ce pourrait être des chênes truffiers. Mais vous comprendrez qu'aucune indication n'est visible à l'entrée du champ. Chutttt !
Cahors
Le paysage, c'est tout vert. Effectivement, il a beaucoup plu ici aussi depuis le printemps. Les arbres sont plaisants. On donne encore une bonne vie aux feuilles qui sont loin de dépérir. Des champs sont encore verts, d'autres ont viré au brun; les paysans ont commencé les labours d'automne. La terre y est parsemée de cailloux...
Enfin, tout ça, c'était cet après-midi. En matinée, après notre départ de l'auberge de jeunesse de Cahors et le passage sur le Lot par le magnifique pont de Valentré, nous avons butté contre la falaise. Mais chut, on a choisi les bords de la rivière qui sont, par définition, plats, et, après 4km d'affreuses zones commerciales et leur lot de véhicules, nous avons rejoint le camino et les autres marcheurs. Vous savez que nous sommes très nombreux à nous colletiner des bornes: 8000 personnes par an passent par Cahors se faire "pointer" au bureau de l'Octroi (c'est son nom...), à la sortie du pont.
Et, d'un coup, au bout de la vallée, le silence... Le silence d'accord, mais tout de même le son de notre souffle qui rythmait la montée sur le Causse. Au bout de 6 jours, nous sommes encore en apprentissage.
Ce soir, nous voilà à Lascabanes. Il fait 23°, le soleil se cache quelquefois. Ce matin, au départ de Cahors, c'était plein bleu, 10°.
Départ ce matin de Lascabanes, 10°, arrivée ce soir à Montlauzun, 25°... Ciel bleu toute la journée.
Hier soir, lors de notre pause au Gîte de Bouy, nous avons eu notre leçon de vie. Il y a toujours des gens pour t'asséner des vérités sur lesquelles tu ne peux en aucun cas revenir. Ce n'est pas grave, mais, le soir, après tes 20km quotidiens, t'entendre dire que "tout ça, c'est d'la gnognotte". Oh, cela n'était adressé à personne en particulier, mais c'était simplement pour susurrer que "j'en ai fait d'autres, et de plus costauds", et qu'en fait, hein, du coup, assurément...
Bah, laissons dire. Le chemin peut se charger d'un petit croc-en-jambe à cette brave pèlerine, comme à chacun de nouz'autres, d'ailleurs.
MONCUKENKERCYBLAN
Ceci n'est pas un mot Ouzbèque ni Turkmène (à vos souhaits !), mais une phonétique personnelle pour éviter les grossièretés. Vous êtes sans doute nombreux à avoir repris vos enfants quand, à la question commençant par "où", ils répondaient pour jouer: "Ben, dans mon.......".
Oui, nous sommes passés aujourd'hui dans ce magnifique pays couru par de nombreux touristes au vu du nombre de restaurants et de bars qu'on y trouve. Sans compter les cartes postales très suggestives à envoyer au beau-frère ou au copain ; les cartes de l'église, du château ou du village étant réservées à mamie ou tata. Montcuq (prononcer "moncuque", le "q" final étant une lettre sonore me dit Jacqueline...) est réellement très jolie, et il aurait été dommage que le chemin continue à passer au large, comme il y quelques années. Par contre, la sortie de... (!) cette cité est signalée en orange sur le profil de l'étape. Et, sous 25° à l'ombre, les vieux ont dégusté.
Michel
Michel, au même titre que Nicolas ou Florent, fait partie des hospitaliers dignes de ce nom. Il a une histoire. Il n'a jamais, pour sa part, fait le chemin de Compostelle, mais, à cause des 25 années passées à recevoir les pélerins ou autre randonneurs, il continue à faire vivre le lieu où il habite. Nous étions 14 personnes, hier soir, à Lagarde Haute, premier village du Tarn et Garonne à refaire le monde, la journée, la vie autour d'une table préparée par Michel. Il a restructuré la ferme de ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents pour en faire un accueil de randonneurs de mars à octobre, et un lieu de vie culturelle le reste du temps. Nous sommes dans un village dont Michel a fait la réputation, et on a cru comprendre qu'il n'était pas prêt de lâcher le morceau d'étoile qui brille sur l'Auberge du Canabal.
"A la Saint Matthieu, pluie dans les yeux". Ça, c'est constaté depuis Moissac où nous étions ce midi jusqu'à Malause où nous venons d'arriver, un peu fourbus et "mouillus".
"Plus que tu marches moins vite, moins que tu avances davantage ". Ça, c'est vrai pour tout, sur ce chemin en particulier.
"Plus les descentes sont longues, plus les côtes sont courtes, plus tu descends"... Je ne suis pas sûr de celui-là. Je préfère vous laisser disserter là-dessus jusqu'au dîner.
MOISSAC
Cette ville-étape l'a été, étape finale, pour certains de nos congénères pédestres. La plupart s'étaient organisés pour faire une courte étape afin de pouvoir visiter la ville, et particulièrement l'Abbaye connue et reconnue de cette petite ville, la dernière au bord du Tarn avant sa confluence avec la Garonne. D'autres ont prévu de sauter dans un train pour rentrer après 10 ou 15 jours de périple, le cœur gros...
Mais qu'y faire, sinon rêver de revenir.
Nous avons profité de la journée du patrimoine pour faire le "tour" du cloître, magnifique, en restauration pour quelques chapiteaux. "Magnifique" n'est pas suffisant. Il faut se représenter les siècles d'histoire, d'histoires, de prières des moines autour de ce carré de sculptures aux 76 colonnes.
Antonia y Antonio
Dans la grande maison de Philippe, nous avons été reçus par Antonia et Antonio, en l'absence du propriétaire, donc... Nous étions tout dégoulinants de l'eau qui tombait depuis quelques temps sur le chemin. Ces deux personnes semblaient dans leurs petits souliers, mais nous ont accueillis de façon bien sympathique, mais en langue espagnole. On leur avait confié nos vies du soir, de la nuit et du matin, mais hormis le fait qu'ils avaient déjà dû voir comment Philippe, notre hôte, procédait habituellement, c'était sans doute la première fois qu'on leur donnait la responsabilité.
Tout s'est bien passé, rassurez-vous ! D'ailleurs, est-ce que vous étiez vraiment inquiets ? Nous, non plus, depuis le temps qu'on sévit sur les chemins. Cette énorme maison semble consacrée à l'accueil, et le couple espagnol d'une cinquantaine d'années semble chez eux.
Au fur et à mesure de la soirée, à force de mots récupérés ici ou là dans le fond de nos têtes, même si A et A (on peut les nommer comme ça, ce sera plus court...) continuaient à deviser avec nous plus vite que nous ne pouvions les comprendre, nous avons réussi à capter le sens général de la conversation.
Lorsque, après la dégustation de la pizza acheté chez un artisan du lieu (L'Ovalie: tout y est rugby dans les dénominations des plats, de la Mêlée au Pick and go!), Antonio nous a apporté des pommes, nous avons compris ce qu'ils faisaient ici, dans ce lieu perdu du Tarn et Garonne. A force de gestes et de mot-à-mots, ils nous ont expliqué qu'ils étaient ouvriers agricoles dans les champs de pommiers à proximité et qu'ils étaient, depuis deux ans déjà, employés saisonniers en France à la cueillette des Galas, et ce pour 4 mois. Ils préféraient venir à cette période car la température était intenable du côté de Murcie, la province dont ils sont originaires, surtout pour ce travail en plein air. Et ils nous ont confié qu'en Espagne, ils cueillaient des citrons pendant huit mois.
Nous ne savons pas si Antonia et Antonio sont en couple, mais leur façon de se causer nous a semblé tout à fait dans les normes européennes, espagnoles... Oh là, je rigole, hein !
Sachez tout de même qu'avec toutes les difficultés liées à la langue et à leur situation, ils ont été de ceux qui se sont pliés en quatre pour nous faire plaisir.
Ah si, au moins... Si sen(~)or, évidemment !
Un peu de Lectoure...
... avant le dîner ? Jeu de mot facile, direz-vous, mais même le coucher de soleil sur cette petite ville ne m'inspire guère, ce soir.
"Hier est derrière, demain est un mystère, aujourd'hui est un cadeau"
La journée a été plutôt calme, aussi "kilomètrée" que quotidiennement, mais sans vraiment d'anecdotes croustillantes. Après notre départ de la Ferme de Villeneuve, lieu de notre nuitée précédente, nous avons traversé quelques villages qui ont fait leur toilette pour le passage de la Via podiensis. Il faut reconnaître que les départements traversés ainsi que les municipalités génèrent un état d'esprit pour nous faire découvrir le pays. Et certains habitants ont compris l'intérêt du projet. L'agriculture semble solide dans ce coin du Gers, mais combien d'emplois pour les jeunes ? Quelques échoppes d'épicerie, des gîtes et autres chambres d'hôte, quelques cafés pour accueillir les pélerins assoiffés, et, le long du chemin, ici et là, une table, quelques chaises avec de l'eau ou du café; tu consommes, tu paies (ou pas, salopiot !) et tu repars. C'est sympa, non !
Nous voilà ce soir à Lectoure, ses remparts, sa cathédrale servie par un prêtre Burkinabé, comme beaucoup d'églises en France, son presbytère, immense, qui est utilisé pour les pèlerins comme nous, et qui est resté dans son jus fin XIX°, début XX° (avec un escalier monumental, un lustre, des photos, heu pardon des peintures représentant les différents évêques ou chanoines de Lectoure depuis... ouh, là, là... depuis... longtemps. La classe, quoi.
Et encore, je ne vous parle pas de la hauteur des plafonds.
Inchauffable !
Mais ce soir, il fait très bon à Lectoure.
Rencontres
Rencontre d'un premier type: Je ne sais pas quel était son nom, mais il était de Lille et connaissait de par son métier la belle-mère d'un de nos enfants... Curieux hein ?
Rencontre d'un deuxième type: un couple de La Roche-sur-Yon dont le monsieur d'un âge avancé, le mien donc, a fait ses hautes études à Richelieu comme votre serviteur et connaissait Grenouille, Speed et Speedy ainsi que le Chanoine Billaud qui a revu à sa "sauce" les guerres de Vendée, toute sa vie. Tous ces gens étaient profs à cette lointaine époque de cette glorieuse institution Yonnaise.
Rencontres d'un troisième type (ben oui, il fallait bien que j'y arrive...) : Françoise, ancienne sage-femme, à un tournant de sa vie, dit-elle, qui d'un coup a trouvé que la marche devenait incipide, comme dans sa Marne natale. Elle a donc décidé de prendre le bus et repartir chez elle. La suite du chemin sera pour une autre année, peut-être...
Céline, la trent'cinquaine, vient de démissionner de la police après quelques années à Montreuil (pas en Vendée, hein !), quelques autres à Marseille (ben oui, le Marseille !). Elle a évoqué son boulot, sans plus. Ça n'est pas devenu une passion. Elle a vendu sa maison, acheté un camion aménagé, et zou, s'est mis sur le chemin pour se refaire une santé et se vider la tête, dit elle.
Jeff, indéfinissable personnage, d'un peu plus de 45 ans. Il marche, marche, est frileux, aime la blague et les jeux de mots.
Un jeune Allemand de Dresde qui parcourt le chemin depuis 6 ans en une semaine, ici ou là. Il est vacciné pour plusieurs années encore et il semble vraiment accroc. Il nous a parlé de son pays aux confins de la Tchéquie avec passion.
Et puis, un Polonais installé en France ... Il était pressé...
Voilà des rencontres de ce jour autour du petit-déjeuner ce matin. C'est dire la diversité du monde sur ce chemin et ses bizarreries.
Rencontre d'un village, Aurens, oublié par les fabricants politiques du camino. Nous avons décidé lors de cette étape de couper court afin de rester dans nos objectifs de 20km. Et il s'avère que nous avons pris l'ancien chemin qui a été délaissé par les "organisateurs" afin de privilégier La Romieu dans une boucle de quelques kilomètres en plus. Les influences politiques, vous savez !
Cependant, Romieu vient d'un ancien mot français qui signifie "Pèlerin" pour Rome.
Donc...
M'ment donné !
Je ne sais pas pour vous, mais j'adore parler avec des Québécois. En dehors du fait qu'ils ont des réelles bonnes relations avec les Français, nous avons de bonnes raisons de croire en eux pour la présence de la langue française en Amérique du Nord. Et puis, ils ont de telles expressions ! À rire et à pleurer.
Hier soir et ce matin, nous avons côtoyé trois apôtres : Jacques, Luc et Simon. Simon est de Montréal, pas celui que nous allons traverser demain, mais le vrai, le grand, l'immense au Québec. Il emploie souvent "m'mentdonné". La traduction française peut être "du coup", qui traverse toutes nos conversations courantes, dans la rue, à la radio comme à la tévé. Ces trois-là marchent ensemble depuis leur deuxième étape. Ils sont partis chacun de leur côté, et ils se sont trouvés et ne se quittent plus d'une semelle. Chacun commence à connaître l'autre, si bien que Simon nomme Jacques le "Mèche courte". Ce n'est pas une insanité, c'est simplement parce que son copain monte rapidement dans les tours, et qu'à la façon d'un bâton de dynamite de mineur ou de travailleur sur les chantiers de chemins de fer au Canada, lorsqu'ils utilisaient une mèche courte, il ne fallait pas traîner autour très longtemps. "Ça va péter, chef !"
On se retrouve ce soir au même gîte sur la commune de Montréal du Gers: l'Agapè. Sur le parcours, nous sommes passés par Parrys, demain ce sera donc Montréal puis, plus tard, nous traverserons Barcelonne. Nous nous dispersons, non ?
Ce jour, nous sommes passés à la borne des 1000 kilomètres avant Santiago. Nous l'avons située au pont d'Artigues sur la rivière Osse, parce que... parce que ! Ce pont multiséculaire est sous la protection de l'Unesco. Des milliers de pélerins sont passés par ici depuis le 12ème siècle et il aurait été un peu désolant de l'oublier.
À cet endroit, nous avons fait une rencontre qui marquera notre chemin de cette année. Béatrice est arrivée sur ses souliers de ville. Elle arrivait de Condom où elle s'est établie depuis quelques temps après avoir vécu à Lyon puis à Marseille. Elle est d'origine Ivoirienne. Elle a décidé de nous accompagner un moment, et nous avons beaucoup parlé de l'Afrique, des migrants, des responsables de ces différents pays ainsi que des dirigeants européens. Beaucoup de paroles, quelques actes, mais toujours de jeunes africains à vouloir passer la Méditerranée au péril de leur vie pour la terre promise... Béatrice nous a dit avoir passé pas mal de son temps à des missions Europe-Afrique, mais elle a semble-t-il besoin d'un petit coin tranquille du Gers pour se ressourcer.
Et pendant ce temps, sous les 25° de la météo, les agriculteurs sont à fond sur leurs tracteurs : moissons du tournesol, labours, moissons du maïs grain... A toute blinde, j'vous dit.
Si c'est comme ça qu'on appelle les litres de pluie déversée sur le pays de Montréal aujourd'hui, je vous prie de croire que ça n'a pas arrêté de couler sur nous de tout le chemin. Chemin qui d'ailleurs n'a pas eu le temps d'absorber le volume proposé : de la boue ici et là, des ruisseaux improvisés entre les rangs des vignes que nous n'avons pas vraiment eu le courage d'admirer. Et puis, on avait souvent les yeux au sol pour éviter l'eau dans les yeux, et les glissades imprévues.
Ce midi, cependant, nous avons pu "déguster" notre salade Sodebo à l'abri. Pile à l'heure du déjeuner, nous sommes arrivés en haut d'un fief à une maisonnette (que les propriétaires ont justement baptisé la... Maisonnette !) dont le auvent était proposé aux passants. Nous n'avons pas croisé les propriétaires. Ils ne sont pas montrés. La porte et la fenêtre étaient ouvertes. Une néo-zélandaise nous a causé deux minutes, les américains du Michigan étaient déjà répartis et des françaises cherchaient à comprendre où elles étaient avant de faire du rab de kilomètres.
Nous sommes ce soir à Eauze. Ha, ha... Céouqu'céty ?
Pour terminer notre parcours, nous avons piétiné 8 km de bitume. Oh, ce n'était même pas pentu. Nous marchions sur une ancienne voie ferrée. C'était seulement "enniant" et casse-patte. Ce sont les genoux qui en ont pâti.
Des purs et durs...
... du chemin, Jacqueline et moi, nous n'en sommes pas, je crois. Je le sais bien, chacun fait son camino à sa manière.
Il y a ceux qui suivent le GR 65,comme il est tracé, au plus proche de la carte; pour notre part, nous recherchons très souvent des possibilités de raccourcir nos souffrances (j'exagère un peu...). Ce n'est pas de la triche, ce sont des mise-au-point stratégiques.
Il y a ceux qui entrent dans chaque chapelle, église, cathédrale, basilique, abbatiale, collégiale. Nous avons retrouvé une fois cette année l'ambiance d'une église romane de Dordogne dépouillée au maximum et qui nous a tourneboulés. Tous les autres édifices sont surchargés de statues ou peintures.
Il y a ceux qui préparent leurs étapes en fonction de la messe du dimanche. Ce sont les mêmes qui ne mangent pas de viande le vendredi, absolument pas, ou qui se signent avant et après le repas. En fait, on a rien contre ça. On ne se sent pas vraiment en phase...
Et il y a ceux qui vivent toutes les heures de la journée à fond, du lever au coucher en passant par les découvertes même culinaires du pays traversé (tiens l'Armagnac, ces temps-ci !) , ses habitants, ses hébergeurs, les collègues du chemin, ceux qui ont mal aux pieds, aux genoux, aux chevilles, ceux qui font leur vie comme il leur semble. Il nous faut profiter des minutes que l'on vit: peu de nouvelles du monde...
Tiens d'ailleurs, que ce passe t-il vraiment chez nous en ce moment ?
Journée "Frissons"
Ce matin, au départ de la maison du pèlerin d'Aire sur Adour, premier frisson : il faisait 6 degrés au thermomètre. Depuis hier, le beau temps revient. Et aujourd'hui, particulièrement. Pour arriver à Aire, nous avons emprunté un terrain plutôt plat dans la vallée de l'Adour, entre les maïs, les maïs et les maïs... Ce qui, vous l'avouerez, est loin de favoriser les arrêts pour contempler le paysage, ou faire quelques photos. Mais nous y avons trouvé l'avantage de la marche plus rapide pour aller au bout de nos 24 km, sans trop de dégâts physiques. L'accueil, le repas et la nuit ont aidé à la récupération.
Deuxième frisson à la sortie d'Aire sur l'Adour, après une visite rapide de l'église Sainte Quitterie, nous avons découvert au sommet de la côte de mise en jambes, un magnifique panorama sur les Pyrénées: Le premier de notre parcours, et nous l'avons surveillé toute la journée. Il paraît, d'après les autochtones de Pimbo, où nous logeons ce soir, que ce n'est pas si courant que ça que d'admirer toute la barrière pyrénéenne : Le pic du Midi d'Ossau, le Pic du midi de Bigorre, la Maladeta. Bref, avec un coucher de soleil magnifique, c'était fabuleux.
Une journée qui s'oubliera
Bah ! Les 22 km, on les a fait, cahin-caha, quelquefois d'ailleurs plutôt caha. Nous avons dû marcher 90% du temps sur la route "tout' la saint' journée, et j'ai senti le doute en moi s'immiscer". C'est dire.
Je pourrais vous raconter la journée. Mais non, ça ne vaut pas vraiment le coup. Quand on était dans les vallons, pas moyen de scruter l'horizon, et lorsqu'on montait sur le plateau, des murs de maïs nous bouchait la vue des Pyrénées. Y'en braill'rais...
8h45: après une visite à la collégiale de Bompi, sommes partis "sur la route pour la Saint' journée".
10h30: pause sur les marches de la station de lavage du Casino de Arzac Arraziguet (c'est champêtre, hein ?).
12h30 : Pique-nique devant l'église de Louvigny. Calme et reposant..
15h00 : Pause et le plein d'eau au cimetière de Fichous-Ryumaillous (ici, on prononce toutes les lettres, nous ont dit les chasseurs d'hier...). Il était temps de prendre le temps. La côte était belle pour y parvenir. Et il fait 24° à l'ombre.
17h15: Arrivée au gîte chez Geneviève. De notre chambre, la vue est magnifique.
Le Pays de 160 âmes s'appelle "Uzan"...
Ça ne s'invente pas.
Ce matin, départ de Uzan, beau temps, 13°. Cet après-midi, ciel couvert mais 23°. On n'a pas le droit de se plaindre, croit-on savoir.
Du partage d'informations à la rumeur, aux "on-dit", aux "il paraît que", aux racontars, aux "les femmes o'z'ont dit au doué", aux "les z'hommes en ont parlé à la cave"... bref ! Le soir, quelquefois, c'est "Radio Camino" qui démarre et là, c'est la grande déverse de ces sentiments que les uns ou les autres ont de la longueur, (langueur) , du profil, du terrain, des alentours, des gîtes, de truc et de machin. Et là, chacun y va de son expérience du chemin, la météo du lendemain, les difficultés à venir, et on sent qu'au fur et à mesure de la conversation, ceux qui sont novices dans la démarche, la fatigue aidant, mordent à tous les hameçons lancés par ces gens qui parlent d'autorité. Heureusement, il en reste qui modulent, modèrent, tempèrent à coup de clins d'œil et de "faut voir, hein".
Pour ma part, je pense qu'il faut que chacun se fasse à l'idée par lui-même. Pour certains, les côtes sont difficiles (nous...), les descentes fatigantes (nous...), la chaleur de midi, la fraîcheur du matin, les derniers kilomètres, ceux qui mesurent 1500 mètres, pour d'autres, c'est laisser dire, laisser faire. Il y a un chemin pour tous, même à coup de raccourcis, pourvu qu'il mène à l'objectif choisi.
Il me faut tout de même raconter qu'a la dernière émission de "Radio Camino", on a eu le pompon... Il paraît que le Camino Frances en Espagne est très mal fréquenté... Enfin, je ne devrais pas les dire... Bon, j'y vais... Il y a une Mercedes noire qui circule ici ou là et dont les occupants importunent les infortunés pélerins... Mais bon, j'dis ça, j'dis rien...
Pour notre part, en 2016, on n'a rien vu de tout ça.
Et de toute façon, j'aim' pô les Ercédesses !
La chapelle de Cauvin
400
400 km, ce soir... au gîte "Dessine-moi un chemin "
Nous voilà arrivés pile à l'endroit où nous avions projeté de coucher ce jour. Nous avions espéré le moins de bobos possibles, le moins de désagréments possibles, la meilleure météo, les meilleures jambes. C'est le cas à la fin de cette journée bien que très arrosée. C'est la deuxième fois... et la dernière, hein, vous êtes prévenus, je ne veux pas y revenir. Non mais...
Les difficultés pour trouver des hébergements à quelque 20 kilomètres nous avaient obligés à prendre le gîte de ce soir à 14km. Bien nous en a pris. La pluie et le terrain, disons, vallonné nous ont quand même rincés, si je peux le dire ainsi.
Nous avons donc baguenaudé le long du Gave de Pau grâce à la lecture de panneaux explicatifs posés le long du chemin par la municipalité de Maslac. Depuis de nombreux kilomètres on trouve aussi de nouvelles plantations d'arbres fruitiers qui jalonnent le parcours vers Compostelle. Il est probable qu'on pense aux pélerins qui, de temps en temps cueillent à la saison quelques pommes ou des figues pour se sustenter. En Espagne, sur le Camino Frances, on plante des arbres pour l'ombre, ici, c'est pour la gourmandise...
Ce midi, nous avons même décidé de manger chaud. On s'est arrêté à la maison du Grillon. C'est tout de même formidable de trouver des personnages tels que Jeff qui tient ce café-snack-épicerie-musique-récup-jardin "bio" depuis 10 ans maintenant. En tout cas, bienheureux qu'on fut de déguster une omelette, pour Jacqueline aux herbes, et pour ma pomme, aux cèpes fraîchement cueillis pas ses soins. Après deux heures de bavardage, on a décidé de braver les gouttes d'eau et de pousser un peu plus loin.
Quelle idée on peut se faire des frontières
Ce matin en Béarn, ce soir en Pays Basque, hier le béret, aujourd'hui le béret, mais pas porté de la même façon, au pays de Henri IV, on rrrroule les "R" ; ah bé, ça tombe bien, ici aussi (un peu plus, un peu moins...). Hier, des champs très verts (à cause de la pluie, sans doute), à Lichos ce sont de très verts champs... Bref, une frontière, c'est quoi sans que les hommes se mettent en travers du passage d'ici à là en fermant les barrières ou en changeant les façons de penser.
Bref, depuis notre passage au-dessus du Saison (c'est une rivière !), nous vivons en Basquie, et ce, jusqu'à l'océan. Mais rien ne va changer pour nous. Les kilomètres seront les mêmes, les sentiers, à peu de chose près, seront identiques et les gens continueront à nous faire signe en nous croisant en voiture. Et le monde nous dira "Bon chemin ! ", "Vous allez loin aujourd'hui ?", "Ne vous inquiétez pas, il ne va pleuvoir...", "Vous venez d'où ?".
Je vous le disais, tout est vert. Non seulement, mais les ruisseaux et rivières, le Gave d'Oloron que nous avons passé à Navarrenx, les fossés, tout est plein. Et ça roule une eau légèrement laiteuse pleine du limon arraché aux champs. Les années se suivent, l'année dernière était très sèche, cette année, c'est, disons, très humide. Un British nous a même souri en nous confiant : " Ici, en ce moment, c'est comme le climat d'Angleterre !". Comme si ça pouvait nous réconforter...
Quand on parle du sens de l' accueil...
On a failli pas arriver à Lichos ce soir. Du moins, pas à pied. Ce midi, la prise d'otages a avorté de peu. Nous étions à la recherche de toilettes. Ben oui, le pèlerin a aussi besoin de commodités. Nous passions à proximité d'une salle municipale qui semblait être ouverte. Deux personnes, encravatées d'un foulard jaune vif, nous ont hélés :"Et alors, vous cherchez quelque chose ? ". Le temps de bredouiller que cela avait à faire avec les toilettes, que tout les gens présents à l'intérieur de la salle étaient au courant que deux pélerins voulaient les saluer. On voulait être discrets, ça n'a pas vraiment été une réussite.
Donc, silence demandé par le président de la séance (qui était en fait un banquet de jumelage franco-allemand...), présentation de nos deux personnes à la présidente française, la présidente allemande et à Monsieur le maire de Navarrenx, itou... C'est tout juste si on ne nous a pas demandé de chanter. "Vous allez bien rester avec nous, il y a de la place, on peut même aller vous conduire à Lichos..." "Et puis tiens, c'est moi qui ait fabriqué la sangria, vous allez me faire le plaisir de goûter ça..." nous dit un autre président qui visiblement n'en était pas à son premier gobelet.
On a remarqué bientôt que certains convives se rapprochaient de la table des entrées. Nous en avons profité pour nous éclipser vers les toilettes (enfin !) et partir vers d'autres yeux.
Bonne nuit à tous.
Pas un pélerin...
Pas un pèlerin ! Quand on utilise cette expression, en général, c'est qu'on se sent vraiment seul, inutile. Et bien, sur cette route qui habituellement draine de nombreuses cohortes de caministes (c'est nouveau, ça vient d'être inventé...), nous n'avons croisé âme qui vive, qu'il soit du pays ou de passage. Ah si, la responsable du gîte-épicerie municipal d'un village qui se nomme Aroue. Nous étions heureux de pouvoir parler un peu de son travail. Les habitants ont disparu derrière leurs volets de couleur rouge de ces bâtiments de ferme immenses qui racontent la vie rurale de naguère.
Quant aux randonneurs, que tchi... Ou bien tous se sont arrêtés, ou bien ils sont tous devant nous. Comment voulez-vous qu'on en rattrape un ? Ils sont tous plus rapides les uns que les autres, et ils suivent leur Miam miam Dodo ou leur guide Michelin à la lettre. Chaque étape est déjà prédéterminée pour arriver le soir dans un lieu digne de ce nom. Alors, on avance de 25, 27, 30 km... Comment voulez-vous suivre avec nos petites jambes septuagénaires ?
Ce soir, nous sommes logés dans un corps de ferme de Saint-Palais qui se trouvait il y a peu en campagne de l'autre côté de la Bidouze (j'adore ce nom de rivière...). La ferme au nom imprononçable est entourée désormais par l'hôpital, la maison médicale, les laboratoires de biologie et autres professions de médecine. Le monsieur qui semble bon vivant se dit un peu trop surveillé par ses voisins, pour sa santé s'entend !
Allez, demain, en piste pour la dernière !
Et 10 de der !
Non, pas 10, mais 15 km ! Le temps de remonter sur le vrai chemin quitté hier soir pour rejoindre notre logis à Aicirits, la banlieue proche de Saint-Palais, et nous avons repris notre marche vers notre ultime but, la Stèle (dite) de Gibraltar. Celle-ci se situe à l'intersection des chemins de Vézelay, de Tours et du Puy-en-Velay que nous suivons déjà depuis 22 jours. C'est avec plaisir que vers 12h15 nous nous asseyons au pied pour savourer, et le fait d'y être arrivés en bonne forme, et nos sandwiches -ce qui n'a aucun rapport l'un avec l'autre, mais qui tombe à une heure décente pour le déjeuner sur l'herbe- Sodébo (sandwiches Sodébo). Vous suivez ?
Contrairement à hier, nous assistons à un passage sans discontinuer de pélerins, seul ou en horde bavarde. Tous, passagers de la Via Podiensis. Les autres chemins sont muets...
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