2016 Vers Santiago

Lundi 29 août 2016

Nousyrev'là !



Gare d'Irun


... à Santo Domingo de la Calzada, un an après notre première arrivée !
Bon, je ne vais pas être long. Ce soir, le lit nous attend.
Pass'que, la route a été multiple: une heure et demi de  voiture, 9 heures de train, 1h30 de marche et 1h15 de bus...
Alors, ça va !






Mardi 30 août 2016

Ceux qui nous...


...passent en coup-de-vent, qui passent devant nous, qui nous dépassent , qui se moquent de ceux qui trépassent, bref, toux ceux-là sont virtuellement susceptibles de coucher dans notre lit ce soir !
Je m'explique...
Ils sont plus jeunes, plus alertes, plus pressés, ils ont peu de temps devant eux, ils ne sont pas nécessairement à la retraite, eux, mais ils prendront notre place, c'est sûr, dans l' auberge, la chambre, le lit que nous aurions élu.
Bref, ils ne nous laissent pas le choix !

Alors, malins nous sommes. Enfin, malins aujourd'hui. Nous nous sommes arrêtés plus tôt qu'eux. Et toc ! Dans un petit village, Viloria de Rioja, une auberge simple, toute simple, frustre mais proprette, avec tous les services du goûter au petit-déjeuner en passant par le dîner. Ceux qui connaissent Jacques Roullon savent que c'est TRÈS important pour lui, la table !

Et pendant ce temps-là, ils marchent encore et encore pour arriver les premiers à l'étape nommée dans les guides Lepère et autre Miam Miam dodo, là où, c'est certain, tout le monde (THE monde) sera présent.

Mais pas nous ! Nous on sera là, et on est tout seul... pour le moment. En compagnie de Santo Domingo !



Mercredi 31 août 2016

Castille et Leon


Réalisée sans trucage...
Castille et Leon, la province avant la Galice sur le chemin de Compostelle. Il y a des pancartes partout, des flèches jaunes, des coquilles bleues, des pubs pour les auberges et autres Casa rural y pensiones. On ne peut pas se tromper de route, ni bifurquer. On nous rappellerait à l'ordre pas des croix jaunes sur les cailloux (choux, genoux...), en nombre dans ce pays, les arbres, rares dans le paysage, poteaux de toute taille et de toute matière.
La Castille et Leon, ce sont des chaumes à perte de vue, de la paille à terre, en bottes, en tas ( on en a vu un de la taille d'une église sur notre passage...), de la paille de l'année dernière ou d'une autre année tellement elle était brunie le soleil et les intempéries.
La Castille et Leon, c'est donc de la paille, des champs de patates et quelques rares tournesols que des petits malins , ou de grands artistes, s'amusent à customiser à leur passage. Remarquez, mieux vaut cette forme de tag que les multiples autres graffées n'importe où, sur tout et souvent n'importe comment...
Les moments de gloire de ces "racassous" ne sont pas encore arrivés.

Ce soir, nous sommes à l' albergue municipal de Villafranca Montes de Oca. La "Oca", c'est l'oie ! Ce qui nous rapproche forcément de ... Sainte-Florence !
Comment ça, comment ça ?


Ben oui, qu'oie !


Jeudi 1 septembre 2016

Nous, on ne double personne...

... par politesse ! Sur le chemin, ce matin, une première grimpette a refroidi notre enthousiasme. Remarquez, on n'a pas été surpris plus que ça, on était entouré de collines; alors, il fallait bien s'en sortir... Et donc, curieusement, on n'a jamais pu dépasser qui que ce soit. De toutes façons, ce n'est pas dans nos habitudes d'aller plus vite que le train. Qui veut aller loin ménage sa toiture, jointure (de g'noilles...), ceinture, monture (de lunettes...)...

Attendez, je reviens. Des coréennes nous causent...
Elles s'appellent Li, Soyoong, et Mieen. Elles ne se connaissaient pas en Corée, elle se sont côtoyées pour la première fois à Saint Jean Pied de Port, elles pensent rejoindre Santiago à la fin du mois. C'est curieux de venir de si loin pour ne pas visiter la Costa brava, Madrid ou les châteaux de la Loire, comme tout le monde, je voulais dire. Mais faire, le chemin de Saint-Jacques ! Pourquoi ? Tiens, on a oublié de leur demander...



Je disais donc, qui veut aller loin ménage sa monture ! Pour la première fois, nous avons vu passer en trombe près de nous... un ? ... un ? Oui, monsieur, un quad !!! Des Belges ! S'ils n'existaient pas, il faudrait les inventer, une fois. Les chemins du ciel sont impénétrables. Remarquez, autrefois, les pèlerins cheminaient, mangeaient et logeaient là où ils pouvaient. Maintenant, on est recu dans des auberges plus ou moins trois étoiles avec le wifi. Alors, pourquoi pas des quads !
Ah, si on peut faire le chemin en moins de quinze jours... on n'a pas que ça a faire, hein !

Curieuses rencontres aujourd'hui. Des Coréennes, bon. Il y a des gens du monde entier . Mais des Français, vous allez dire ! Y en a t'il ?
Et ben oui, figurez vous ! Nous venons de parler, coup sur coup à un puis quatre gens de notre beau pays. Ce midi, sur le banc qui était libre, un homme qui se frottait les pieds. Ça, sur le chemin, c'est chose courante.
"Where are you coming from ?"  dis-je avec mon anglais approximatif. "From France" qu'il me dit le gars. Ah ben voilà qui est plus facile à traduire ! Mais where de France ? Nous, on vient de Vendée, comme il a dû l'entendre à notre accent anglais. "Ah, moi aussi !" qu'il nous dit "Je suis de la Châtaigneraie ou plutôt, je travaille à la Châtaigneraie, mais j'habite à Saint Pierre du Chemin ...
Les quatre autres sont nés plus loin. À Cirières !...


Et ben voilà ! Le monde est vraiment trop petit. On ne peut pas s'empêcher de causer du pays, même à San Juan de Ortega.


Vendredi 2 septembre 2016

La meseta à l'horizon...




Vous pouvez constater que plus on vieillit, moins on a besoin de sommeil. La photo ci-dessus a été enregistrée par notre Kodak à 7h30 . Ce qui est une heure de brave pour vos serviteurs ! Le soleil pointait fièrement sur la cité des hommes préhistoriques d'Atapuerca , à l'est, comme les autres jours, hein . Nous nous dirigeons donc vers... vers ? vers ? ... vers l'ouest, enfin ! Nous avions passé la nuit dans l'auberge El peregrino, Le pèlerin, en français; ce qui n'est pas vraiment original pour une auberge sur le chemin de Compostelle. L'équipe d'Italiens, à qui je n'ai pas dit qu'ils avaient perdu au foot la veille contre les Français, a acheté les fonds de la tienda voisine pour préparer une pasta pour 15 personnes. Nous avons dû dîner sur une table de camping à côté, froid, car ces messieurs dames avaient squatté la cuisine. Petite au demeurant...
Tu parles, ce n'est rien. Des gens ne s'adapteront jamais à la présence des autres. Il faut donc faire le dos rond. Demain sera un autre jour !
Parlons-en demain ! Demain est en fait aujourd'hui. Nous voilà à Burgos ! Autant la matinée a été plutôt sympa après être monté à la croix de Matagrande (Grande Mort, que ça veut dire, ça rigole pas tous les jours, hein !), et après avoir découvert le grand plateau de Burgos, la ville au loin, dans la brume, autant la brume en question ne nous avait pas laissés entendre qu'elle était "de chaleur" !... On en a sué un peu pour arriver, malgré la proximité du rio qui apportait de la fraîcheur sur nos visages en sueur et en manque d'eau... Bien fait ! Demain, on prévoira un peu plus de liquide.
Hier, nous avons passé les Montes de Oca. Une forêt immense, la dernière avant la... prochaine, celle des Monts de Leon. On se souviendra de son ombre quand on parcourra les kilomètres de meseta, rectilignes, en plein cagnard... ou pas !  Mais cette forêt prochaine, comme le dit la chanson, est à 250 km, d'après nos guides touristiques.
L'orage monte sur le pays.


Samedi 3 septembre 2016

Après le chemin du corps...

... maintenant, le chemin de l'âme !
Il n'est plus possible d'y couper. La nuit dernière, nous avons dormi dans un ancien séminaire. Ben oui, en Espagne aussi, le prètre , jeune, se fait rare. Vous voyez les palais des évèques ? Non, vous ne voyez pas ? Bon, ça ne fait rien, je ne vous en voudrai pas... La photo qui suit peut vous en donner une piètre idée. Mon téléphone n'est pas encore assez efficace.
Nous étions donc dans cet établissement. Nous avons eu la chance de pouvoir nous y installer. La dame qui nous a reçus nous a rendu éligibles à la nuit. Nous étions trois couples à attendre à la porte. Un seul est entré, nous ! Les questions posées ont éliminé les deux autres. Ben oui, ce n'est pas toujours très simple. Notre hôtesse part du principe que les places doivent rester disponibles pour les "vrais" pélerins. Ceux qui viennent en bus, out ! Ceux qui ne veulent pas se conformer aux principes édictés, direction les autres albergues ! Ben, voyez vous, ils voulaient se lever pour partir à 4 heures du matin... Dans cet endroit, monsieur, ça ne se fait pas: lever à 6h30, petit-déjeuner à 7 h00, départ sur les chemins à 7h30. Point !


Le chemin du corps se termine à Burgos. Le fait que les collines ou autres monts soient avant, sans doute. Le chemin des âmes commence après... On a su pourquoi, surtout cet après- midi ! Une chaleur, mon ami, et pas un arbre qui vaille le coup qu'on s'attarde sous son ombre. Du chemin blanc à perte de vue, et pas âme qui vive. On a le temps de remuer son esprit et se poser la véritable question du moment ( Vous savez, celle des gamins dans la voiture quand on vient tout juste de démarrer de la maison...) : quand est-ce qu'on arrive ?


Ce soir , pas de wifi, pas de tralala. Nous sommes dans un pays de gens rudes. Le paysage est à leur mesure. Hordillos... del Camino, évidemment !

Dimanche 4 septembre 2016

Et si on vous parlait du chemin !


Le coq de Hordillos
Hontanas, au creux de la meseta...

Nos copines Coréennes...

Des chaumes et des cailloux, le grenier de l'Espagne

Et si on parlait du chemin ! Oh, qu'ils vont nous dire ! Encore ? Ben, on est là pour ça , non ! Ou bien, on vous dégoute carrément, ou alors , vous allez être piqués à l'aventure.
Après avoir croisé le coq de Hornillos dans la pénombre, nous avons laissé la population dormir. Il faut dire qu'hier soir, samedi soir, ils ont profité du beau temps, de la place de l'église, de la liberté des enfants qui ne commencent l'école que le 8 , de la température clémente et de l'ouverture tardive du bar ," Chez Manolo"... En fait d'ouverture tardive, nos fenêtres toutes proches du ton qui monte avec le nombre de bières qui augmente ont laissé passer les conversations jusqu'à 1 h du matin. Quant à nous, après que les bonnes dames espagnoles, de Madrid, sans doute, tant elles ont été sans gêne (tout était éteint , hier soir, mais il a fallu qu'elles rallument ; ce matin, réveil avec leur musique de téléphone, pour ne laisser personne ignorant de leur lever...) , nous avons eu le loisir et le plaisir d'admirer le lever du soleil. Il n'y pas de souci pour voir le soleil, il y tellement peu d'arbres ! 
Le chemin, ce sont les tapis-brosses laissés par les moissonneuses , les tas de cailloux (et, pour une fois, ce ne sont pas les pèlerins qui les érigent...) que les cultivateurs montent au fur et à mesure que leurs engins les déterrent, des bouquets d'arbres rabougris , le terrain à perte de vue, les éoliennes en panne de vent, et pas un bruit, sinon celui des marcheurs.
Les marcheurs, parlons-en ! Il y a Li, notre copine coréenne qui vient de nous faire signe et qui va devant de ses petits pas, deux familles,semble t'il, d'Espagnols qui profitent de leur dernière semaine de vacances avec leur enfant; oh, il y a bien la fille qui traîne un peu la patte, et qui se demande, en bougonnant, pourquoi ses parents trouvent cela si amusant, alors qu'il y tant à faire sur Facebook ! Hein ?!!! Tiens, des français, des provinciaux, dans doute. À quoi les reconnait-on les provinciaux ? Eux, au moins, nous adressent la parole, ou quand ils sont essoufflés, seulement un sourire... Mais, ils nous doublent, quand même, les effrontés ! 
Et ça rit, ça parle, ça chantonne, ça souffle, ça s'éloigne derrière un buisson pour... heu, pour... ben tiens, faut bien que ça se fasse, ça aussi. On reconnait rapidement, d'ailleurs, les endroits appropriés et les moments adéquats : un coup d'oeil devant, un coup d'œil derrière, et hop !

Bon, on n'est pas vraiment là pour raconter ce genre de choses, mais voilà, la vie du chemin, c'est la vie courante (bizarre comme mot, quand on sait de quoi on parle. Rhooo...) !

Allez, demain sera un autre jour. Nous voilà ce soir à Castrojeriz, à la Casa nostra. L'auberge municipale était full, completo... il n'y avait plus de place pour vos valeureux pèlerins.
Tiens, on pourrait faire un livre sur la différence de point de vue qu'expriment les mots: pèlerins, marcheurs, randonneurs, touristes, engagés, peregrino,... 


Dame, et si on allait manger ! Avant d'aller dormir, moi sur le lit du haut, Jacqueline sur le lit du bas... Et je me suis laissé dire qu'il va falloir utiliser des bouchons d'oreilles cette nuit. Notre voisin est danois. Et tout le monde sait que le danois ronfle... 


Lundi 5 septembre 2016

En fait oui, mais non !

Il faut dire que ce soir la vie est belle ! Le temps n'était pas à la promenade cet après-midi, d'autant que dans le village où nous venons d'arriver, il n'y a pas grand chose à voir. Nous avons eu le coeur plus gros que le ventre en partant ce matin. Après un réveil dés les aurores, et même avant, tant le danois qui ronfle ( ça, c'est confirmé !) se lève aussi à des heures impossibles (4h 30, ça vous dit !), Nous avons réussi à atteindre le sommet de notre principale difficulté d'aujourd'hui, à 12% pendant 1km500, avec le lever du soleil. Magnifique et réconfortant après cet effort matinal...


Toutefois, il ne nous avait pas dit le guide, que, derrière, on allait devoir freiner notre descente à ... 19% et surtout ne pas gêner ces fous de cyclistes qui ont profité de l'occasion pour parfaire leur pointe de vitesse.
Et là, le plateau, long plateau, interminable plateau lisse à l'oeil, rugueux aux pieds, mais parfait pour se faire des idées sur le point d'arrivée, qu'on croit ici, mais qu'en fait, non...
Heureusement, le rio Pisuerga et son pont médiéval qui a vu passer des milliers de pèlerins nous ont rappelés à notre devoir du jour: marcher encore et encore, surveiller son pied et surtout, ne pas se plaindre de notre vie du matin.
L'après midi sera salutaire. La photo est là pour vous le démontrer : une oasis au milieu de la meseta, Boadillo del Camino.


Mardi 6 septembre 2016

Tout ça, pour ça !

Ça vaut le coup de le faire !

Ne serait-ce que pour l'expérience de ce matin. Trouver les premières flèches jaunes dans la nuit finissante ( ben oui, nous partons de bonne heure. Nous craignons le soleil de midi...), à la sortie du petit village où nous logions hier soir, et s'apercevoir que nous ne sommes pas les premiers à partir, réchauffer nos vieilles articulations et nous voir dépasser par une dame qui part faire son sport, et tout à coup être freinés dans notre élan derrière un impressionnant troupeau de moutons qui rejoint le champ où ils vont paître dans la journée... C'est de la poésie ces matins-là !


Et ça ne se remplace pas...
Bon, il ne fallait pas que cela dure, nous aurions pris du retard sur l'horaire. On n'est pas là que pour s'amuser.
Le canal de Castille que nous avons suivi un moment, s'éclairait des premières lueurs du soleil. Cette artère d'eau de montagne irrigue cette région par un énorme système d'aqueducs qui semble dater mais qui fonctionne encore. Est-ce qu'il est encore utilisé ? On n'en sait trop rien, mais à voir les pompes et quelques rampes d'arrosage qui parsèment même les champs de blé, on se doute que la modernité est passée par là. Pourtant, au pied du talus du canal, on a deviné des... rizières, figurez-vous. En pleine Castille !
Cette région traversée s'appelle Los Campos; et ça signifie, Les Champs. Ben tiens ! Des champs à perte de vue dans une plaine qu'on devine riche au vue du matériel utilisé. Y'en a que ça rendrait jaloux... Voyez qui je veux dire !



Tout ça, c'est un peu sérieux pour un si beau soir à 33 degrés.
Demain, encore une belle étape, sous un soleil généreux, qu'on nous dit.
Ça promet pour midi !
































Mercredi 7 septembre 2016

Tchau pays é vrai beau, mé l'é enniant

O l'é vrai beau, mé o l'é dret qu'eum un dail au mitant d'un champ d'luzern'... Le chemin file tout droit sans s'occuper des champs voisins, des chaumes qui se reposent de l'été qui finit, du rare tracteur qui poussière entre les galets, des marcheurs qui gisent sur les banquettes entre les chardons et le fenouil. Et puis, on n'en voit pas le bout.
O l'é vrai beau, mé o l'é piat qu'eum mun porte-mounaie en fin de mois...
O l'é vrai beau, mé o l'é sec qu'eum baraillaou... Le paysage d'aujourd'hui est tellement surprenant sous un soleil tropical qu'on s'est laissé croire un moment dans la savane du Burkina Faso où nous étions au mois de janvier. Regardez de plus près ! Sous l'arbre, un lion ...

La savane castillane

Et pendant ce temps, y'en a qui crèvent de trop d'eau !

Aqueduc dans los campos

Allez, bonne nuit ! Demain, enfin un temps de chrétien. On nous annonce 11 degrés de moins qu' aujourd'hui sur Sahagun. Soit 25 degrés...

L'hiver arrive !



Jeudi 8 septembre 2016

Le bon chemin, le vrai chemin

Le bon chemin, le vrai chemin, le chemin réel, le chemin originel ! Tout est bon pour faire en sorte qu'on n'oublie pas qu'on y est. Hier, par exemple, nous avons marché sur une portion de la Via Aquitania qui mène de Bordeaux à Astorga. Il était bien noté qu'il s'agissait d'un p'tit bout du camino originel. Comment pourrait-on contester ?

Arrivée à Calzadilla de la Cueza

Il est tout de même très drôle de voir que chaque village est desservi par notre passage, et que, si on s'éloigne un peu, l'autre pueblo est délaissé et par le gouvernement, et par l'Europe, et par l'UNESCO. Où est la vérité ? En tous cas, elle est sûrement au fond du verre puisque dans chaque bourg traversé les flèches jaunes qui sont sensées nous indiquer le "vrai" chemin nous guident invariablement vers le bar, restaurant, auberge, bodega, hostal... le plus proche.
Si bien que, à certains carrefours, il y des indications dans toutes les directions au milieu de la route...
C'est drôle !

Sympa, non ?

Le second bar est toujours le meilleur


Et puis tiens, dans les noms des villages, il y a souvent en final "real camino" ... Les autochtones ne savent même pas s'il s'agit de "réel" ou de "royal". C'est le même mot en espagnol. Nous, on pense que chacun défend son réel chemin. C'est bien par là qu'il faut rejoindre Santiago de Compostella, et par nulle part ailleurs. Na !



 Nous voilà à Sahagun. On en avait tellement entendu parler par Joëlle et Daniel, puis par Thérèse et Jean-Luc. Et voilà t-y pas que Sylvie et Joël sont arrivés, eux aussi dans cette ville. La gare est sans doute connue dans le monde entier pour que vous repreniez tous le train à cet endroit.
En tous cas, avec le nombre d'églises, de couvents, monastères et autres ermitages implantés à Sahagun, c'est sûr, certain, évident, réel, que le VRAI chemin passe par ici.
Por Dios !


Vendredi 9 septembre 2016

Illusions


Il faut se méfier...
Quand un gars te dit qu'il ne fait pas beaucoup de kilomètres par jour, c'est qu'il veut te faire comprendre que 20 km, c'est du pipi d'chat. Méfit' !
Quand une fille te dit qu'elle ne marche pas vite, mais qu'elle ajoute qu'elle était arrivée à 10h30 à l'etape, ça signifie qu'il faut que tu la plaignes, parce que l'auberge municipale n'était pas encore ouverte. Méfit' !


Quand tu rencontres ça... et que tu crois que ça pourrait servir à faire circuler du gaz ou de l'eau, méfit', c'est paraît-il une sculpture. Voilà, voilà.
Quand tu vois au loin un truc que tu crois être un clocher, et qu'en fait cela pourrait être une tour de pompiers, mais qu'il n'y a pas de raison que c'en soit une, et que tiens, c'est bien une église, c'est surprenant. Méfit' !


Quand on te propose des "platanos", et tu ne veux pas manger un des arbres du chemin, et qu'en réalité les platanos en questions sont des bananes dans la langue du pays, c'est que tu es un benêt et que tu risques de mourir de faim. Méfit' !


Quand on te demande, au moment où tu éternues, si tu es "constipado", surtout, ne réponds pas au gars de s'occuper de ses affaires ! C'est un gentil, il veut seulement savoir si tu as pris un rhume sur le chemin. Méfit' !

Le problème du chemin, et parfois l'avantage, c'est la rapidité des rencontres. Les personnes qu'on croise un soir ne seront pas les mêmes le lendemain. 
Dommage, c'était plutôt sympa avec Linda la néo brunswickoise (cherchez pas, c'est au Canada !), Isabel la fille de Teruel, le couple de Breda en Hollande, des gens à qui on sourit mais qui ne communiquent pas vraiment, les cinq filles espagnoles qui n'arrêtent pas de nous suivre (elles sont souvent aux mêmes étapes que nous...) et qui rigolent, et qui parlent...
Le camino est ce qu'on en fait est ce qu'on en veut. 
Pour l'instant, ça nous plaît !

On ne se fait aucune illusion. 



Samedi 10 septembre 2016

Non mais, ils exagèrent !

Figurez-vous qu'il existe des gens qui trouvent normal d'emporter avec eux canettes, briques, bouteilles pleines des le matin sur des kilomètres et de ne plus pouvoir les transporter à partir de 11 h. lorsqu'elles sont vides !
Qu'est ce qu'ils font ? Et ben, ils les jettent là, dans le fossé, dans le ruisseau, sur le bord du chemin ... Dites moi ! Les marcheurs, en général, sont plus proportionnellement corrects avec la nature que le reste de la population. Que se passe t'il donc dans la tête de ces "sauvages". 
Et je ne vous parle pas des écritures, collages et autres graffitis sur tous les supports possibles, du mur à l'arbre, en passant par la pancarte...
Et je ne vous cause pas des propriétaires de bars et auberges qui courent après l'client et qui laissent ici ou là, sur les bancs publics ou les multiples bornes, leurs petites cartes de visite, en couleur sur papier glacé...



Assez des lignes à haute-tension, mâts d'antennes, champs d'éoliennes !
Mais comment vous faire parvenir ce billet d'humeur, sans ces horreurs ? Hein !

Par courrier ?

Demain, nous serons à León, la capitale de la province de... León ! Juste heureux.




Dimanche 11 septembre 2016

Profitons, profitons...

Aujourd'hui,encore, demain peut-être, après-demain sans doute pas... Je veux parler du temps ! Il nous est promis une sale semaine de froidure pré-automnale sur la Castille et León. Ce n'était prévu dans nos têtes qu'à partir de notre entrée en Galice. Il est bien connu que la Galice, c'est la Bretagne espagnole. Enfin, c'est ce qu'on nous a laissé croire... sur la Galice et sur la Bretagne. N'y a t'il pas un cap Finistère dans les deux régions, et de la musique ancienne celte avec binious et autres bombardes.



Surprise, hier soir, à l'auberge municipale de Mansilla. Une photo parmi des centaines affichées sur le mur par Laura, la patronne du lieu: celle de Marie-Noëlle et sa fille lors de leur passage dans ces lieux il y a quelques mois. Le monde n'est pas si grand que cela. La petite commune de Menomblet aime à se déplacer pour voir ailleurs si l'herbe est verte. Pour l'herbe verte, c'est une façon de parler, dans ces contrées en cette fin d'été !


Vous me reconnaissez ?


Lundi 12 septembre 2016

Se alquila, se vende...

À louer, à vendre... Ce ne sont pas les pancartes de ce genre qui manquent le long de la nationale 120 que lèche le chemin vers les monts de León. En France, déjà, dans nos petits villages, ça fleurit. Mais dans ce coin d'Espagne, et je me suis laissé dire que c'était un peu global au pays, des maisons, des entreprises, des ateliers, des magasins sont sur le marché de l' immobilier. Des constructions sont à l'arrêt par manque d'acheteurs. Et ce n'est pas faute de publicité. Ils sont champions, les Espagnols, pour ériger des panneaux impressionnants à boucher le paysage...

Par contre, le maïs était beau !

Après la grande ville de León que nous avons mis deux heures à quitter ce matin, tant elle est étendue, nous avons encore suivi la nationale qui nous mènerait jusqu'à Santiago si, de temps en temps, les responsables d'associations de Compostelle et les administrations ne faisaient pas l'effort de nous éloigner de la civilisation automobile. Nous faisons en sorte, actuellement, de gérer !es longueurs d'étapes en fonction de ce qui nous attend. Comme dit l'autre, "plus que tu pédales moins vite, plus d'avance davantage"...

Par contre, le soleil était ardent !

J'ai vu, il y a quelques temps, une émission concernant le chemin de Saint-Jacques. Je n'aurais jamais dû la regarder jusqu'au bout car c'était du voyeurisme plutôt que de l'information. Il y était question de secte sur le chemin, de punaises de lit, et d'autres raretés. Il est vrai qu'avant-hier, nous avons croisé un jeune allemand qui a dû mettre tous ses habits dans des sacs hermétiques pour les traiter. Il était couvert de piqûres. C'est vrai qu'on peut aussi rencontrer des illuminés, un jour ou l'autre.
Mais dans cette émission, il n'était pas question de nourriture. Je sais que maintenant je ne mangerai pas de laitage au choix dans les "menus del peregrino" proposés ici ou là. Des de nos copains de chemin en ont fait une triste expérience. Après avoir mangé un riz au lait appétissant, trois d'entre eux qui avaient fait ce choix ont été pris de vomissements au cours de la nuit. Bon, cela peut arriver, et ça peut s'appeler gastro, hein !
On les a croisés le lendemain, ils n'avaient pas vraiment l'air en forme. On pensait les revoir après du repos.
Depuis, nous avons eu des nouvelles. Et ce genre de gastro n'est pas anodine, puisque, en réalité, ils ont fait trois jours d'hospitalisation pour une... salmonellose. Saloperie ! Saloperie, pour leur état physique et leur moral, puisque le chemin 2016 s'est arrêté de suite. C'est dur à "digérer" comme histoire !

Par contre, l'Anjou est une belle région !


Mardi 13 septembre 2016

Premières bénédictions du ciel


Pont médiéval à Hospitalier de Orbigo

Alors ça, c'était pendant la bénédiction à Santibánez de Valdeiglesias. Ne vous inquiétez pas pour nous, après cette douche, on a su se mettre à l'abri, au chaud, près d'un café. La vie est belle, ne cesse de répéter Linda, vous savez, la néo-brunswickoise (ah ben oui, faut tout lire pour comprendre...) , ne cesse de répéter Linda, donc, dont l'ange gardien est là pour ça.
Découverte du panorama en direction de Astorga 


Structure pour passer les voies ferrées à l'arrivée à Astorga

Mercredi 14 septembre 2016

6, 20, 11... Le compte est bon !

Consonne, R... voyelle, A... consonne, B...
Nous voilà à Rabanal del Camino cet après-midi. Nous avons marché ce matin dans un pays de misère. Non pas que ce soit pas joli pour un voyageur de passage, mais que venaient faire dans cette campagne les premiers habitants, pourquoi s'y sont-ils installés ? Ils y sont nés, y ont vécu, sont morts sur ce plateau désert. Nous avons traversé quelques villages qui continuent à vivoter du passage des marcheurs de Compostelle grâce à l'hébergement, la restauration et quelques rares boutiques d'objets liés au chemin.





Thym, bruyère et genêts. On dirait le titre d'une chanson, hein. Ce sont les plante qui recouvrent le sol de cailloux et terre rousse. Les arbustes et les sortes de chênes rabougris nous cachent de temps en temps du vent de noroît qui souffle ce matin. Ça vous dit quelque chose un vent de noroît ? Et ben, c'est très frais. Et ça achève de nous empêcher de réfléchir. On navigue à vue de flèches jaunes... Vous vous rappelez du titre de cet article ? Le 6 correspond à la température de ce matin au départ, et pendant 15 km. Le 20, c'est notre kilométrage de l'étape, et 11, c'est la température à 13 h à notre arrivée à Rabanal, à 1150 mètres d'altitude. Bouh !






Les nouvelles de notre famille proche nous ont réchauffé le cœur et l'esprit. Ce matin, à 11h22, est arrivée sur terre une petite fille nommée Sarah. Comme disent les communiqués officiels, " la mère et l'enfant vont bien ". Le père aussi, pour ses 25 ans, demain !

Demain, justement, parlons-en ! Ou plutôt, oublions pour bien se reposer...

Ça grimpe !

Déco de la salle de restauration de l'auberge d'Astorga.


Jeudi 15 septembre 2016

Les Monts de Leon

Cette première étape de montagne, comme ils disent pour le tour de France, on la redoutait un peu. C'était un objectif de plus dans notre marche de cette année, après Burgos, puis Sahagun, et León. On se disait que petit à petit on pourrait visionner le but ultime, Santiago. Il faut dire que le point culminant physiquement et mentalement, ce devait être la Cruz de Ferro. C'était sans compter sur la météo de début d'hiver qu'il nous a été donné de supporter aujourd'hui. Bon, vous allez dire, ils sont toujours en train de se plaindre ! Mais, à notre décharge, après le deux premières semaines, il n'était pas prévu de descendre au dessous de la moyenne ! Six degrés, toute la journée, de la pluie et un vent à "décorner lé bus", s'il vous plaît ! 

Bref, une journée dingue, mais vous n'allez pas me croire ! Alors...
La Cruz de ferro est un lieu très important et impressionnant. En fait de croix de fer, il s'agit plutôt d'un immense mât en bois qui supporte au sommet une petite croix en fer. Mais, au pied de ce monument, et c'est ce qui en fait une légende, monte un immense (5 m de haut!) tas de cailloux, de galets pour la plupart, qui symbolise un don, un voeu, une pensée, un remerciement de la part de chacun des pèlerins qui passent à son pied. C'est impressionnant et émouvant ! Et aujourd'hui, en particulier, car c'était un peu lugubre dans le brouillard et le froid. On n'a pas vraiment traîné là-haut, y'avait de la route à faire. Et comme dit l'autre, "y'étians pas d'là", vu que nous sommes attendus nulle part. L'année dernière, comme cette année, nous nous sommes promis de ne jamais réserver.

Ce soir, à Riego de Ambros, toujours pas de soleil, mais une solide envie de dormir. 1000 mètres de dénivelé, ce n'est pas encore imprimé dans nos petites jambes de Vendéens !
Ça fume au-dessus des toits du village. 
Et ça sent le feu de bois ! 

Vendredi 16 septembre 2016

Linda, notre co-randonneuse

On en a déjà parlé de Linda. Elle vient du Canada pour le chemin de Compostelle, plus exactement du New-Brunswick, une province mi-francophone, mi- anglophone. Elle habite Edmundston, pas très loin de la Gaspésie. Enfin, pas très loin, pas très loin... Au Canada, ça se traduit en heures de conduite, pas en kilomètres ! Et savez-vous, non vous ne savez pas encore, mais je vais vous le dire !... Et ben, et ben ... Allez, je vous le dis ! Edmundston est jumelée avec Parthenay. C'est drôle, non ! On se trouvait comme un lien de parenté, elle et nous. On a compris.
On comprend à l'entendre parler le français de là-bas que la Vendée, le Poitou et cette partie du Canada, c'est cousin germain.
Nous avons appris plusieurs mots ou expressions rigolotes... Tiens, par exemple ! "Il mouille" . En général, chez nous, il pleut, non ?
"Pas d'allure". En Vendée, on ajoute:"T'chel' affair'".
"Garocher". À Menomblet, les gamins garochent le ballon sur le terrain de foot.
"Tantôt". Ah, pour ça, ça change un peu ! Chez eux, tantôt, c'est juste avant. Tandis que chez nous, c'est.. à la sieste !
"De même". Ben voilà, ça, c'est comme chez nous: ainsi, voilà donc, exactement, c'est ce que je voulais dire, complètement...

Et puis, il y a les autres mots du style "maganné"... Pour vous expliquer. Si vous avez les pieds un peu abîmés par les ampoules, ils sont magannés. Si le chemin n'est pas très aisé à marcher, il est maganné.

Bref, avec Linda, on s'entend bien parce qu'on se comprend bien.

Les autres, ils parlent en anglais. Et depuis le Brexit, ça nous chatouille les oreilles !

Les chemins magannés des monts de León 


Le Saint-Jacques de Molinaseca


Samedi 17 septembre 2016

Veille de vendanges en Bierzo

Ce matin, dans la brume du départ de Campoyonara (on dirait un nom japonais...), des souvenirs me sont revenus de jours de vendanges dans les fiefs du Priouté ou des Cartries. Vous savez, l'odeur de la terre et des premières feuilles qui tombent, l'humidité dans les premiers ceps, les baquets qui se remplissent rapidement; les premiers, toujours, mais vers le milieu de la matinée, avant le café et la brioche, on parle un peu plus ave les voisins de rangs, et ça se gâte ...


Dans le Bierzo, c'est la même chose ! Sauf que les ceps sont éparpillés dans le rang, les "gales" d'une longueur que ça grimpe chez le voisin, et les grappes sont invisibles. La plupart des vignes n'ont ni piquets, ni fils de fer. Les vendanges ne peuvent se faire qu'à la main. Au fur et à mesure que nous grimpions les coteaux en direction de Cacabelos, puis de Villafranca, cela s'arrangeait un peu. Je suppose que le vin produit était de plus grand de qualité aussi, et que pour la promotion de la région en Espagne, les viticulteurs se devaient d'être plus exigeants.

Bref, ça sentait les vendanges, et nos avons croisé une ou deux bandes de ramasseurs et les tracteurs qui vont avec. Il manquait juste la sardine à l'huile du repas du midi, le bocal de mojettes froides... et le beurre qui va avec, hein !

Nous voilà ce soir à Villafranca del Bierzo. C'est la fête dans les rues. C'est la "fiesta del Cristo" et ça dure depuis trois jours. Comme dans toutes les villes d'Espagne.



Mais hier soir, à l'étape précédente, et ce soir, c'est sympa, mais ça ne nous aide pas à dormir !

Bah, la vie est belle, et le soleil de demain est assuré .
Alors, marchons, marchons...



Dimanche 18 septembre 2016

Que de bitume !





Cette journée s'est passée sous le signe du bitume. On a avalé nos kilomètres quotidiens sur la route, la seule qui rejoint le pied du sentier qui mène à O Cebreiro. À gauche, l'autoroute, à droite la rivière, ou vice et versa ou réciproquement. Mais le goudron, toujours sous nos pieds. Et on a monté "doucettement", à châ p'tit. Même si dans la description cela paraît peu agréable, et bien, le parcours nous a paru plutôt sympathique et même court. Mieux vaut profiter de la journée que nous venons de passer avant d'attaquer notre " Everest" de demain.
Ça nous apparaît comme une montagne... c'est le cas de le dire ! Certains, comme Daniel, pour ne pas le nommer, appelle le reste de notre marche comme une broutille au regard de ce que nous avons déjà réalisé.
On en reparlera.
Bon, c'est aujourd'hui dimanche, jour de la Marche de l'Espoir à la Châtaigneraie ! On y a pensé toute la journée, et on a fait l'étape Villafranca à Las Herrerias de Valcarce en pensant à tous les marcheurs qui n'ont pas manqué d'être présents sur les différents parcours.
Reçu de Marie-France présente à la Maison-Neuve de Menomblet


Comme dit Jacqueline, qui a vu la seule truite du torrent sauter hors de l'eau, et qui l'a mangée ce midi al menu del dia, demain est un autre jour !

Et ça... ce sera l'histoire du jour.

Lundi 19 septembre 2016

Alicia et Amador

Ce soir, dans ce petit village de montagne de Galice (Nous sommes en Galice depuis O Cebreiro...), dans le seul et unique bar-tienda-restaurant-café-lieuderencontre du pays, nous avons rencontré un monsieur qui, sans doute, se donne rendez-vous chaque soir à la même heure pour parler avec ces drôles de personnes qui marchent toute la journée, puis passent chez lui. Est arrivée Alicia, une vielle dame, qui , elle aussi doit trouver le temps long et aime parler, même très vite, aux nouveaux arrivants comme nous qui ne peuvent nécessairement comprendre son langage. D'ailleurs, Amador (C'est le prénom du monsieur !) a dit rapidement à Alicia (C'est la bonne dame. Mais vous aviez compris...) que nous n'entravions pas le Galicien.
Ils ont parlé de leur vie d'ici, avant, quand ils travaillaient, de celle de leurs parents pendant la guerre civile, de celle de leurs enfants qui se sont expatriés pour les uns en Argentine ou en France pour les autres afin d'y trouver des sous. Ici, c'est tellement compliqué d'y rester ! Ils y a bien les vaches (des rubia gallegas ! Oui, monsieur, on s'est renseigné...), quelques chèvres et quelques moutons, les années bonnes, les autres, non; mais vraiment, la terre est ingrate dans cette montagne, et la politique de Madrid est à 400 kilomètres. Alors !




À part ça ?
Et ben, à part ça, nous couchons ce soir à l'hôpital... de la Contesa. Il fait frais et comme la musique de Galice, le climat ressemble à celui de la Bretagne, de l'Irlande, des Cornouailles et de l'Ecosse. Ici, monsieur, il fait beau plusieurs fois par jour.
Et au vu des nuages qui viennent de passer par-dessus l'Alto de Pollo, demain... sera un autre jour. Allez !
Bonne nuit !





Mardi 20 septembre 2016

C'est pô pareil !


Les temps ont changé depuis deux ou trois étapes. Les marcheurs aussi... ça se rajeunise (c'est un nouveau mot, pour l'occasion !), ça se véloïse, ça s'espagnolise ( quoi que, on vient de croiser un "bus" de japonais !), ça se brunise au soleil, comme si c'était les vacances... Nous voilà dans les derniers 200 km avant Santiago. Vous savez, ou vous ne savez pas, que le "certificat de conformité" du chemin de Compostelle ne se donne que si vous avez fait les deux cents derniers kilomètres à vélo ou les cent derniers à pieds. Pour celui ou celle qui vient de Hollande ou d' Argentine et qui s'arrête pour une blessure par exemple deux étapes avant Saint-Jacques, que tchi ! C'est un peu nul, si on se contente de marcher pour un bout de papier !
Ce soir, à Triacastela, dont nous cherchons vainement les trois châteaux, comme son nom le laisserait entendre, on se croirait dans les rues d'une bourgade touristique. Des bars et des restos dans chaque rue (Il y en a deux, de rues...), et des marcheurs en "civil" qui déambulent à la chasse aux sellos, les tampons qui certifient leur passage ici ou là sur leur crédential. Des coups de tampon, il y en a partout: dans les églises, les auberges, les magasins, et même dans les bars. Toutes les occasions sont bonnes pour faire entrer le quidam, et, pourquoi pas, lui vendre autre chose.

Pour tout vous dire, ce n'est pas ce qui motive vraiment. Les plus saines des étapes se trouvent dans les petits villages et les minuscules "albergues".
On n'est pas des saints, ni des diables, cré nom !

Pause en descendant de l'Alto do Poïo

Première construction galicienne de notre périple


Mercredi 21 septembre 2016

Une étape à faire...

... absolument ! Vous êtes pèlerin, marcheur, occasionnel sur le chemin, il faut marcher de Triacastela a Sarria.
Bon, nous, on tablait plutôt sur une journée tranquille, en pente douce, comme on nous l'annonçait sur notre livret de marcheur. Que nenni ! Après un départ le long de la nationale, comme à l'habitude, j'allais dire, d'un coup on a quitté la modernité en même temps que la route macadamée à deux voies bien lisse. Mais ce n'est pas du dédain de ma part, c'est enfin la vérité du chemin. Le temps des "caathééédraaaaleu" ...


Le monastère de Samos


Pour vous décrire l'ambiance, dans votre tête, un film en noir et blanc, un chemin bordé de chênes et de châtaigniers centenaires (centenaire, c'est bien cent ans, hein ! Oui, donc bon, centenaires, je dis et persiste...) , un sol rocailleux sur lequel guimbarde un chariot à boeufs remplis de pèlerins. Il y a le vieux qui a promis à son curé de partir en direction de Fisterra, les jeunes tourtereaux inconscients, le moine dans sa bure dont il s'est recouvert la tête pour prier, la famille de bourgeois de Bourgogne arrivant de Vézelay... Une charette pleine, je vous dis. Et bientôt, dans la pénombre que favorise un peu plus la brume du petit matin pas encore levée, un ou deux chiens qui aboient au cliquetis du timon de la charette. Et peut-être, dans le bois de châtaigniers dont les bogues commencent à tomber, le brigand de San Christobo do Real, le dernier village traversé, qui attend une inattention des uns ou des autres pour faire sa journée à coup de gourdin...



Je me laisse aller un peu. C'était pourtant, ce matin, ce qu'on pouvait se représenter. Le chemin n'a pas dû changer beaucoup depuis ces temps-là. On dit, pourtant, que le pèlerinage à Saint-Jacques est tombé dans l'oubli pendant des dizaines d'années, voire plusieurs centaines. Les lieux sont sans doute restés les mêmes, avec des ponts sur les rivières aux mêmes endroits, qui ont permis les échanges entre les vallées par dessus les monts.
Nous voilà ce soir à Sarria, après 25 km de marche. Bon, c'est bon pour aujourd'hui ! Nul regret de s'être un peu trompé dans le choix de notre parcours. C'était fabuleux, et on a compris en partie l'esprit de notre humble démarche.


Sans commentaire, vraiment !


Hier soir, nous étions dans la même chambre qu'un jeune couple de Pékin. Oui, oui, Pékin, la capitale chinoise ! On a causé, on s'est revu aujourd'hui au cours de l'étape, ainsi que ce soir. Ils n'ont droit qu'à une semaine de vacances par an (!), mais ils sont sur le chemin après avoir été convaincus par un film, "The way", un film américain...
Il n'y a plus de frontière, ni politique, ni spirituelle !


Allez, assez déliré, au lit. C'est pas tout ça, mais une nouvelle journée de boulot nous attend.


Jeudi 22 septembre 2016

Tiens, vlà les cent derniers !

On pourrait sauter de joie, on pourrait tomber dans les bras les uns des autres, on pourrait se dire qu'on a fait le plus dur... mais non, rien de tout ça, on continue à marcher après avoir jeté un oeil distrait sur la borne qui marque ce kilométrage en chiffre rond. Il faut vous dire qu'il y a des bornes depuis le passage en Galice tous les... ben, on ne sait vraiment tous les combien puisqu'on n'a jamais trouvé une indication de distance de Saint-Jacques avec un chiffre net. C'est toujours avec trois chiffres après la virgule du style ",163" ou ",786", mais jamais",000". Je ne sais pas comment ils se sont débrouillés. C'est une gars de la DDE parfait qui a dû être missionné pour ce travail...




100 km, c'est pour les Espagnols une quasi obligation ! En tous cas, les marcheurs ont décuplé depuis la gare de Sarria. Il fallait voir leur allant, ce matin, dans la première montée de l'étape. Par la suite, tous les bars et autres tiendas, étaient monopolisés pas les mêmes. Et puis, il faut voir tous ces bus arrêtés en rase campagne à attendre leurs clients qui font des demi-parcours, ou alors les chemins les plus plats. Ceux-ci sont harnachés comme s'ils venaient du Puy en Velay ou de Vézelay. Ils voudraient donner au change et qu'on les croit purs et durs. Tss, tss... Faut pas nous la faire à nous !
C'est quand même un peu moins sympa comme ambiance !
L'organisation a eu l'heureuse idée de prévoir un mini concert de cornemuse galicienne sur la route. Un gentil garçon habillé dans le costume du pays nous a joué quelques airs de danse. On a apprécié le talent, et l'intention.



Ce soir, Portomarin, une bourgade reconstruite après la disparition de toutes les maisons dans l'eau du lac de barrage. Quelques bâtiments ont été déplacés pierre par pierre sur la colline qui domine la vallée du Mino, dont l'église, une impressionnante bâtisse qui ressemble à un donjon de château-fort. C'était en 1962. Le niveau de l'eau du lac laisse apparaître le pont romain sur lequel passaient les pèlerins en marche pour Compostelle.
Nous, on est passé sur le nouveau, à trente mètres au-dessus de l'eau.

Même pas peur. De toutes façons, il faut qu'on aille saluer Santiago !

Vendredi 23 septembre 2016

Y'a des choses curieuses


Au village, ce soir...
On pourrait parler de la journée passée, la découverte des premiers eucalyptus et des forêts de pins, l'amorce de la descente vers Saint-Jacques, mais voilà...
Ce soir, au restaurant de ce minuscule village, après que les vaches soient rentrées pour la traite, nous avons fait une rencontre comme on n'en fait peu. Enfin, moi, je trouve. Vous allez peut-être trouver ça riquiqui !
Nous étions devant notre menu du pélerin qui propose, comme tout le monde le sait maintenant, un choix de premier plat, un du second et un dessert - mais, ça n'a rien à voir avec la suite -, et, à la table d'à côté d'autres personnes qui avaient donc commandé aussi le menu du pélerin qui, comme tout le... mais je m'égare ! Deux personnes qui engagent la conversation habituelle sur notre provenance, notre destination, nos éventuels maux de pieds. L'une est originaire de La Tranche sur Mer, tiens donc, l'autre est du New-Brunswick, comme notre copine Linda, et donc acadienne comme elle. Il s'appelle Doiron, Brian de son prénom, et il se met à nous raconter que sa famille est originaire des Deux-Sèvres. Ben, pourquoi pas ? Pourquoi pas rencontrer dans un village au fin fond de la Galice (voir photo ci-dessus...) une pèlerine originaire de Vendée qui fait le chemin avec un Néo-Brunswickois, du même pays donc que Linda notre co-chemineuse, donc les ancêtres sont sortis du village d'Oiron dans les Deux-Sèvres, à deux pas de Tessonière, le village dont la famille Roullon est partie. Vous me suivez ? Hein, quoi, vous n'avez pas compris comme c'est curieux, cette histoire ?
Bien, je recommence !

Non, je blague. J'arrête. Mais sachez qu'en dehors d'élucubrations possibles, l'histoire peut être belle, et que l'immensité du monde est risible.

À demain ! Nous, on marche !






Samedi 24 septembre 2016

Aujourd'hui, j'ai mangé du poulpe

... chez Ezechiel à Melide, les yeux fermés, pass'que !



Pauvre bête qui n'avait rien demandé à personne ! Ses pauvres yeux implorant la cuisinière qui, non contente de la jeter dans l'eau bouillante, l'a tabassée avant de servir. Enfin, j'ai essayé et dorénavant, je préfère le homard, ou à la limite les langoustines, mais avec de la mayo. Et puis après, jambon-mojettes.
On ne se refait pas...

Lever de soleil sur Eirexe

Le Santiago de Palas de Rey

Grenier à maïs traditionnel 

Comme vous le voyez, c'est chez ... Ezechiel 
C'est tout pour aujourd'hui. Dame...

Dimanche 25 septembre 2016

Aujourd'hui dimanche, on a niaisé

On a niaisé, dit Linda , notre acadienne. En effet, nous avons fabriqué notre étape à la dimension d'un dimanche d'automne. Le parcours était un peu neutre. Enfin, peut-être que nous n'avons plus les yeux à regarder. L'approche de Saint-Jacques, sans doute.
Nous avons donc niaisé... En bon français, on a "bedassé" un peu, le long de villages qui ressemblent presque aux nôtres. Le paysage est encore bien tourmenté, et cela nous occupé.
Arzua, notre lieu d'étape de ce soir, n'est qu'une bourgade sans âme. S'il n'y avait pas les familles à se promener sur le coup de 18 heures, comme partout en Espagne, on se croirait à ... comment je pourrais dire sans vexer personne ? À Bressuire, tiens ! (M'en fiche, c'est en pays étranger !). Par contre, l'auberge municipale est vraiment très accueillante. Il s'agit sans doute d'une ancienne ferme transformée pour l'occasion en lieu d'asile pour nous, pauvres hères des chemins.

Comme c'est dimanche à Arzua, et qu'en passant devant un restaurant, on a vu et reniflé un énorme plat à paëlla, garé sur le trottoir, et qu'en définitive, nous avions très faim (à 14h, pour un français normal, c'est évident !), nous nous sommes attablés et....
Voilà !

Demain, direction O Pedrouzo ! Le chemin est normalement, selon notre livret de route, plus facile. Enfin, bon, les dessins représentants la ligne d'horizon sont souvent truffés d'anomalies, et de "menteries", dirait toujours notre néo-brunswickoise, Linda.


39 km 500, c'est tout !


Les Filoas d'Arzua
La vendeuse de fromages



Lundi 26 septembre 2016

Mollets blancs, blancs mollets

Les mollets blancs, selon l'expression de Jacqueline, viennent d'arriver sur le chemin. Ils sont de plus en plus nombreux depuis Sarria.
Les mollets blancs vont plus vite, ils dépassent tout le monde, ils sont très expressifs. Ils parlent et rient très fort.
Les mollets blancs veulent passer à tout prix sur le chemin, même s'il est étroit, et rejoindre dès que possible le reste de leur groupe. Ils sont attendus pour les uns au bus ou au prochain café, pour les autres, au plus tôt, à Saint-Jacques, face à la cathédrale. Alors, place !
Les mollets blancs ou blancs mollets font la chasse à tous les sellos, timbres encrés ou autres tampons, même s'ils sont proposés par un bourricot, pourvu que leur crédential soit rempli à leur arrivée au lieu saint. Il y va de leur crédibilité !
Les mollets blancs, Dieu me pardonne, sont pomponnés dès le matin, et pour toute le journée. On les croise, l'après-midi, en tenue plus que seyante à la terrasse, et quelquefois à la sortie de l'hôtel. L'albergue, pour les pèlerins d'un jour, en voyage organisé, n'est pas de mise.
Mais, le mollet-blanc comme le marcheur depuis Saint-Jean Pied de Port fait son chemin, le sien, qu'il vivra au mieux et qu'il partagera avec ses amis, à son retour, ou par l'intermédiaire d'un blog, comme votre serviteur.

De quoi je me mêle ?
Les touri...grinos

Le mur de la sagesse

Le mur de l'ivresse


On voit presque déjà ce soir les lumières de Saint-Jacques... Demain midi, nous serons à Monte de Gozo.
Incroyable !





















Mardi 27 septembre 2016

Un peu d'émotion, mais pas trop... pour l'instant !

Nous voilà dans les faubourgs de Santiago. Nous pensions nous arrêter au Monte de Gozo, en surplomb de la ville, mais, dans cet ensemble énorme de pavillons pour recevoir les marcheurs en nombre (il y a plus de 400 lits !) , personne a la reception, personne dans les allées ! C'était lugubre ! Ah, selon un affichage, ils sont en "reformas", en rénovation. Ça vaut le coup, en effet ...
Nous sommes descendus un peu plus près du centre-ville, à l'albergue San Lázaro. On peut rester trois nuits, si on veut !

Demain matin, de bonne heure, de bonne humeur, nous reprendrons notre équipage et nos hardes du chemin pour traverser la ville et rejoindre la cathédrale... On nous y attend, enfin façon de parler. Nous serons sans doute 300 ou 400 personnes nouvelles à vouloir toucher la pierre "km 0" de la place.

C'est moche, mais c'est pour notre santé mentale


C'est moche, mais c'est le monument du Monte do Gozo


Mercredi 28 septembre 2016


Grande journée

Nous voilà que la place de la cathédrale après près de 1500 km accomplis, traversée de la Vendée y compris !
Ce n'est même pas un aboutissement, ni un soulagement, puisqu'on a décidé de faire une dernière étape, demain, de Cee à Fisterra. Juste pour se faire à l'idée ...
Cette journée d'arrivée à Saint-Jacques à été très émouvante. Pourquoi ? Dame, vous en parler est difficile, l'expliquer, encore plus. Il faudra sans doute du temps pour encaisser, apprécier, soupeser, redescendre sur terre, déplaner (!). Mais, on en reparlera, si vous le voulez.

Le temps et magnifique, le ciel est bleu, la statue de Saint-Jacques nous sourit. Allez savoir, allez comprendre, allez accepter !

Km O...






























Jeudi 29 septembre 2016

Ine arrou: sorte de racassou ou beu don de ququ'un qui iy r'semblle.
Synonymes : grosse tâche, bon à rien, petite tête, etc ...

Il n'y a donc plus de racassous sur le chemin qui mène au bout du bout, au phare de Fisterra. Les bornes sont vierges de phrases écrites en toutes langues, et dans tous les sens, les murs sont propres ; plus aucun graffiti. Les bornes ne sont plus détériorées.
Ou bien, ils sont tous rentrés au travail, ou pas, ou bien ils sont devenus plus sages les coquins, après leur visite à l'apôtre. Leur a t'il fait les gros yeux au passage ? Ont ils déguerpi devant le reste de kilomètres sans grand intérêt pour ces canaillous, sinon de leur casser un peu plus les os dans les dernières collines de la presqu'île de Fisterra ?
Ils ont eu tort.
L'approche, lors de cette ultime étape, vaut le coup. Le paysage est vertigineux de beauté sous le soleil de l'été indien, et nombre de versants sont vierges de touristes. Vous voyez la Bretagne ? Et bien, ça, plus le rivage méditerranéen de la corse, et c'est approchant !
J'exagère tendrement, parce que notre objectif sera atteint demain, et que c'est beeeeau !







Vendredi 30 septembre 2016

Le bout du bout du bout, le cabo Fisterra, ce matin ...



































Demain, manana por la manana, départ en bus pour le Portugal, Porto plus exactement. Après, on revient, c'est promis, vite.
Et pour ceux qui s'inquiéteraient de l'après, on a du pain sur la planche, du grain à moudre, des trucs à faire, et du monde, un bout-de-chou en particulier qui nous attend. Enfin, façon de parler. On ne se connait pas encore...

Bises à tous, merci d'avoir lu ces quelques lignes chaque jour, et d'avoir réagi quelquefois !


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